Odessa, Texas. La ville pétrolière connaît le boom de l’or noir des seventies. Les derricks prennent le pas sur les prairies d’éleveurs bovins qui pensaient régner en maîtres. Dans cet environnement économique dur, ce sont les voix des femmes et des filles qui sont tues et auxquelles Elizabeth Wetmore redonne force dans son premier roman. Cela démarre par un drame: le viol de Gloria, adolescente mexicaine vivant en bordure de la ville, dans des masures où les migrants entassent le peu qu’ils ont et leur American dream vite désenchanté. Mary Rose Whitehead, femme d’éleveur et jeune mère, découvre sur son porche la jeune fille tétanisée. Même si un suspect est arrêté dans l’attente d’un procès, la justice se tient ici dans la rumeur des cercles religieux et des bars de ce coin d’Amérique qui renifle un air  » à mi-chemin entre la station-service et une poubelle pleine d’oeufs pourris« . Sous les yeux et dans les oreilles de Mary Rose, Corinne, la veuve alcoolo, Deborah Ann, la petite fille abandonnée par sa mère, c’est le dénigrement de Gloria, l’étrangère et la femme, qui se construit. Le choeur de femmes composé délicatement par l’autrice transperce la cruauté d’une société conservatrice jetée dans le capitalisme sauvage. Fort.

D’Elizabeth Wetmore, éditions Les Escales, traduit de l’anglais (États-Unis) par Emmanuelle Aronson, 320 pages.

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