Freshkills: recycler la terre

Si vous plongez un jour dans la lecture d’ Outremonde de Don DeLillo, vous y ferez la connaissance de Fresh Kills à Staten Island. C’était l’une des plus grandes décharges à ciel ouvert, où la puanteur était asphyxiante. Hantée par ce lieu tentaculaire de 890 hectares, l’autrice, poétesse et traductrice Lucie Taïeb s’interroge autant sur son Histoire que sur son devenir: territoire des Indiens avant la colonisation des Hollandais, puis zone très rurale, ce qui devint une poubelle géante de 1987 à 2001 n’était pas destiné à l’être aussi longtemps. Comment imaginer alors que ce lieu puisse redevenir, après recyclage, un énorme parc où les New-Yorkais seront à nouveau heureux de déambuler? À la façon des chercheurs de métaux, c’est aussi en arpentant au plus près le terrain avec son radar sensible, proche de celui des psychogéographes et pas avare en vibrations intimes, que Lucie Taïeb s’empare de cette question et de ce lieu aussi sédimenté qu’intrigant. Que faisons-nous des rebuts, comment nous déchargeons-nous sur les marges? Quelques années après le début de ses recherches (où le poétique voisine avec l’historique et le scientifique), le sujet de la gestion des déchets reste d’une criante actualité, tant au niveau humain qu’écologique. Un récit à ne pas jeter aux oubliettes une fois 2020 derrière nous, donc!

De Lucie Taïeb, éditions La Contre-Allée, 160 pages.

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