De Tim Burton. Avec les voix de Charlie Tahan, Martin Landau, Winona Ryder. 1 h 27. Sortie: 17/10.

Avec Frankenweenie, on peut parler de double retour aux sources pour Tim Burton. Celles de son enfance d’abord, le film -assurément son plus personnel- s’inspirant lointainement de ses souvenirs de gamin de Burbank, dans la banlieue de Los Angeles. Et celles de son cinéma ensuite, puisqu’il s’agit là d’une version « élargie » de son court métrage éponyme, tourné en 1984. Soit l’histoire de Victor Frankenstein, un jeune « geek » solitaire de New Holland, et de son chien Sparky, le complice de toutes ses aventures (et de films super 8 échevelés), jusqu’au jour où il est fauché par une voiture. Rendu inconsolable par la perte de cet être cher, Victor va toutefois trouver matière à espérer lors d’une expérience conduite au cours de sciences par l’excentrique Mr Rzykruski. A la suite de quoi, ayant transformé le grenier familial en labo, le gamin va s’employer, en effet, à rendre vie à son compagnon de jeux à grand renfort d’électricité; tentative qui n’ira pas sans étincelles ni conséquences inattendues, pour le moins…

Un univers cohérent

Si la version originale de Frankenweenie était faite de prises de vue réelles, Tim Burton a opté pour l’animation image par image lors de cette nouvelle lecture des aventures de Victor et Sparky. Un choix judicieux, tant cette technique artisanale -que le cinéaste avait déjà éprouvée sur The Nightmare Before Christmas et Corpse Bride- sied à merveille à l’histoire, lui apportant un surcroît d’envoûtante poésie, le noir et blanc et une 3D non intrusive en soulignant par ailleurs toute la finesse et la richesse. Le scénario, pour sa part, rend naturellement hommage aux films d’horreur des années 30, les Frankenstein et autre Bride of Frankenstein, sources d’inspiration de toujours du réalisateur, à quoi il a ajouté, en un développement inédit, de solides références aux films de monstres façon Godzilla. De quoi composer un mash up passablement allumé, un vent de folie semblant alors s’emparer de New Holland tandis que l’on y célèbre le Dutch Day. Burton lâche là la bride à son imaginaire. Mais si le film peut sembler aussi simple et léger que débridé, et même barré, on y retrouve aussi les constantes de son univers -Victor apparaît par exemple comme le cousin animé de Edward Scissorhands, cet autre outsider dont l’innocence était mise à l’épreuve d’un environnement étriqué.

De quoi, incidemment, souligner la cohérence de l’£uvre d’un réalisateur ayant su ne pas dévier de sa ligne initiale -ce qu’atteste ce film remontant aux origines de son art -, et passé entre-temps du statut de « paria » à celui d’auteur mainstream. A cet égard, le destin divergent des deux versions de Frankenweenie est éloquent, la première ayant précipité la rupture entre l’artiste et Disney -ce même studio qui sort aujourd’hui le long métrage en grande pompe. Alice est passée par là, mais s’il y a trouvé son wonderland, Burton n’y a pour autant sacrifié ni son âme, ni son c£ur. Chapeau! l

Jean-François Pluijgers

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