Titre - Ferry
Réalisateur-trice - Une série créée par Nico Moolenaar.
Quand et où - Disponible sur Netflix.
Casting - Avec Frank Lammers, Elise Schaap, Raymond Thiry.
La série Ferry, spin-off d’Undercover, revient sur les pas balbutiants d’un narcotrafiquant. un récit sombre où la violence croise le loufoque.
Nico Moolenaar franchit le Rubicon et revient au format série pour poursuivre en huit épisodes la trajectoire de Ferry Bouman, demi-sel grognard en passe de devenir le drug lord croisé dans Undercover. Étroitement imbriqué dans la trame de la série originelle lancée par la VRT en 2019 où Bouman apparaissait en seigneur local de l’ecstasy, le récit peaufine de long en large le portrait hypnotique, dérangeant, fracassé et possiblement irrésistible de son désormais personnage principal.
Depuis qu’il a décidé de s’installer dans la province du Brabant septentrional, accolée à la frontière belge, Ferry n’est encore qu’un dealer et distributeur à la petite semaine. Pataud, maladroit, piètre vendeur, entouré de bras cassés, il ne doit sa survie et celles de ses affaires qu’à une incroyable chance et à une ténacité qu’on dirait née du désespoir. Pour tout dire, lorsqu’on le retrouve quelques temps après avoir quitté Amsterdam (les événements du film sont importants pour reprendre le cours de l’histoire), son plus haut fait d’armes est d’échapper in extremis à la police après qu’une transaction pilules contre petite monnaie a pris un tour des plus ridicules. Plus tard, à sa propre crémaillère où il demande sa petite copine Danielle en mariage, il doit bien se rendre à l’évidence: il n’a plus un sou. La chance va-t-elle lui sourire alors que, mal aidé par une équipe de clowns pas franchement fiables, il décide de combler la place laissée vide par Arie Tack, caïd local arrêté par la police, et de frayer avec un gang de bikers pour tenter de refourguer un millions de pilules?
Les huit épisodes tournent beaucoup autour de Ferry, à qui Frank Lammers offre une mue patiente de nounours patibulaire en fauve sociopathe. Mais les personnages et intrigues secondaires sont portées par une écriture et un casting qui leur confèrent beaucoup de relief. Dans le rôle de Danielle, Elise Schaap dépasse largement les assignations du rôle canonique de femme de truand, offrant une dynamique de couple singulièrement touchante, parfaite anomalie dans un monde si chaotique. Les lignes entre fragilité, pouvoir et violences sont constamment remises en question dans cette série qui ose des moments de comédie foutraque avec ses personnages loufoques, ses courses-poursuites burlesques, ses scènes de drôle de vie quotidienne. Elle peut aussi se montrer d’une brutalité sans merci. Le résultat est immersif, intrigant, tire parfois de manière un peu trop visible sur quelques ficelles de Breaking Bad, et fournit une plongée fascinante dans un monde criminel méconnu mais proche de chez vous.
Lire aussi | La critique de Undercover
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici