Fast and furious

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Les sports mécaniques sont la drogue la plus forte au monde, dit son fils Chad, à qui il a transmis son addiction. Steve McQueen a été un fameux junkie. Il a même failli y passer. “Être coureur automobile me plaît, disait-il. J’aime la compétition. J’aime battre les autres. J’aime la sensation du pouvoir.” Il affectionne aussi la vitesse, la prise de risques, le besoin d’adrénaline. À la fin des années 60, alors que La Grande Évasion, L’Affaire Thomas Crown et Bullitt l’ont mené sur le toit d’Hollywood, McQueen veut allier son amour pour le cinéma à sa passion pour les voitures. Il a proposé ses services à John Frankenheimer pour Grand Prix, mais ce dernier lui a préféré James Garner qui, pas de chance, habitait en dessous de son appartement. Et Steve d’uriner par la fenêtre, la nuit, sur les jardinières de son rival en ruminant: “Tu as pissé sur mon film, je te pisse dessus…” Son film, il le fera lui-même. Et Steve est rancunier. Dans une note d’intention datant du 2 octobre 1969, on peut lire ces lignes “Grand Prix: parfait exemple d’un réalisateur se masturbant en public.

Comme son nom l’indique, le fascinant documentaire de John McKenna et Gabriel Clarke raconte McQueen à travers le prisme de l’automobile et plus encore à travers les 24 Heures du Mans et le film qu’il leur a consacré. L’idée à l’époque était de capter entièrement la vraie course, à l’aide de plusieurs caméras, pour la recréer par la suite, et d’ajuster l’histoire en fonction de ce qui se passe et de ce qui a été filmé. L’essentiel du long métrage est tourné durant l’édition de 1970. McQueen pense participer à l’épreuve, mais il doit renoncer à cause du danger et du refus des compagnies d’assurance… Il loue le circuit pendant trois mois lors de l’été qui suit.

The Man & Le Mans revient sur les nombreuses péripéties qui ont émaillé la fabrication du film. Les dépenses excessives, les dissensions dans l’équipe, les relations extra-conjugales du réalisateur, les graves accidents dont l’un sort brûlé au visage et l’autre amputé d’une jambe… McQueen avait en tête un documentaire, une expérience totale dont le script s’écrirait en cours de route. Son tournage a été plus dangereux que la course. D’autant qu’il n’avait pas le sens du danger et que tout était poussé à l’extrême. Steve McQueen, dont on entend ici la voix à partir d’enregistrements encore jamais diffusés, est mort en 1980 d’une rare forme de cancer du poumon liée à l’amiante. La même amiante a été trouvée dans les combinaisons portées par les coureurs dans les années 60…

Steve McQueen: The Man & Le Mans

Documentaire de John McKenna et Gabriel Clarke.

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