Myriam Leroy
Myriam Leroy Journaliste, chroniqueuse, écrivain

20.55 LA UNE

DE CHRISTIAN FAURE. AVEC TATIANA SEGUIN, XAVIER DE GUILLEBON, MARIE DENARNAUD.

« F aire ce film, ça a parfois été encore plus difficile que ma vie », lâche la danseuse et chorégraphe Marie-Dô, dans un éclat de rire ébouriffant, tout en lèvres et en dents. Sa vie: celle d’une métisse née de père inconnu (un temps), élevée dans les années 60 par une femme n’assumant qu’à moitié son statut de fille-mère et sa fille à la peau café au lait. Une fillette à qui l’on disait de fuir le soleil histoire de ne pas foncer davantage, que l’on planquait dans la voiture lors des Noël en famille, à qui on racontait des histoires de Saint-Esprit et de coup de soleil pendant la grossesse de sa mère pour justifier sa couleur. Une enfant déracinée, un peu sauvage, qui canalisera son énergie et sa colère dans la danse, jusqu’à en faire un métier – des Ballets Jazz de Montréal à l’Alvin Ailey American Dance Theater de New York. Cette histoire, Marie-Dô en a fait un livre, dont la sortie chez Plon est imminente. Un producteur ciné lui a aussi fait les yeux doux, « mais je voulais que ce récit puisse se rendre chez tout le monde, pas seulement chez ceux qui ont les moyens de s’offrir une place de cinéma. J’ai donc opté pour la télévision, merveilleux vecteur d’idées. » La danseuse a donc découvert l’envers du petit écran. Un choc des cultures, pour celle qui a été biberonnée à la discipline stricte des parquets. « J’ai trouvé qu’à la télévision, les gens ne travaillaient pas beaucoup! Et qu’il y avait un nombre incroyable de personnes qui se prétendaient compétentes et qui ne l’étaient pas. Chose impensable dans la danse, où on est bon ou mauvais, mais où on ne peut le cacher. Au-delà de ça, beaucoup de gens de télé sont des ignares, vils et lâches… Des requins qui ne veulent que gagner du fric sur votre dos. Un drôle de milieu… »

Son prochain film – elle a pris goût aux caméras -, elle en sera probablement réalisatrice: pas question de déléguer. « Je suis une locomotive, moi, pas un wagon! »

HYPNOTIQUE

Et si elle n’aime pas tout dans cette adaptation télévisée de Fais danser la poussière, celle qui en co-signe le scénario est très fière des 13 – assez sublimes – ballets qu’elle a créés pour l’occasion. Et de la transmission de son message: « Sois qui tu veux être. »

Au final, même s’il n’évite pas le piège de la mièvrerie, Fais danser la poussière est un téléfilm très au-dessus de la mêlée de ce qui se fait d’habitude en fiction télé française. On y découvre, outre un Michel Jonasz très juste dans un rôle d’oncle campagnard qui éveille l’héroïne à sa beauté, une très attachante Tatiana Seguin dans la peau de Marie-Dô ado et jeune adulte. Une danseuse sculpturale aux ondulations hypnotiques.

Myriam Leroy

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