Découvrir le réalisme inspiré de Yann Freichels à Eupen
Le jeune peintre Yann Freichels expose son travail à l’IKOB d’Eupen. Portrait avec un artiste qui monte.
Un jeune homme buté s’avance sous un ciel de tourmente en battant un tambour vert orné d’une croix blanche. Lucian Freud et Ensor ont fait un enfant, est-on tenté de s’exclamer devant Das Kind mit der Trommel (2022), toile hallucinée qui évoque à coup sûr un certain anti-roman de Günter Grass. Les grands formats percutants (1,7 x 2 m ou 2 x 3 m) de Yann Freichels marquent la rétine. La facture est pourtant classique. Les tableaux en question s’appuient sur une technique en trois temps puisée à même l’Histoire consacrée de la peinture: toile préparée à la colle de peau, tempera et peinture à l’huile. Le jeune artiste en question est passé par les Beaux-Arts de Liège, où son parcours n’a pas été rectiligne. « J’ai commencé par l’illustration puis j’ai bifurqué vers la peinture après deux ans parce qu’il me semblait qu’elle offrait des points de vue différents et des narrations plus intéressantes« , explique-t-il.
Depuis qu’il est entré dans le champ pictural, Freichels entend en vivre sans faire de compromis alimentaires, raison pour laquelle il a quitté Liège après ses études et une résidence à l’Espace 251 Nord pour revenir dans son village natal, Grufflange, dans les cantons de l’Est. Il s’y promène régulièrement dans les bois pour en fixer la densité au fusain. « La vie à la campagne est moins chère. Je veux mettre toutes les chances de mon côté pour ne vivre que de peinture. » Le retour vers cette zone frontalière n’est pas seulement à finalité économique. Cet endroit où les identités se brouillent intéresse aussi celui qui a remporté l’édition 2022 du Prix Jeunes Artistes de la Fédération Wallonie-Bruxelles en ce qu’il n’a pas son pareil pour susciter le questionnement. « Pour les germanophones, je suis francophone et ces derniers me considèrent comme germanophone », analyse-t-il. Cette appartenance floutée le pousse à s’intéresser à l’Histoire et au folklore, qui s’invitent régulièrement dans son travail. Il ressuscite ainsi la figure de Sophie Scholl, résistante allemande au nazisme passée par les Jeunesses hitlériennes. Il reste que, de manière un peu surprenante, c’est bien le présent et l’état inquiétant du monde qui hantent l’œuvre de l’intéressé. « Bien sûr, je suis fasciné par les peintres de la Nouvelle Objectivité, ce mouvement des années 20 marqué par une conscience sociale, mais j’ai également des sources plus contemporaines qu’Otto Dix ou George Grosz. Je pense par exemple à la dimension politique de l’œuvre de Luc Tuymans.«
Yann Freichels – Bio Express
Activité Peintre
Âge 27 ans
Lieu Grufflange
Actu Exposition Dans l’empire de l’empereur Tomato Ketchup, du 26/03 au 09/06 à l’IKOB, Eupen.
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