Sous le soleil exactement, l’exposition qui aborde les souvenirs d’été de l’illustrateur Jean Jullien
Pas partis en vacances? Déjà revenus? Peu importe, la nouvelle exposition de Jean Jullien au MIMA se découvre comme un aller simple pour le bord de mer. Un dépaysement qui mêle intime et universel.
Le monde de l’art aime les cases. Du moins celles qui enferment une œuvre sous une étiquette. Finalité? Être bien sûr qu’elle n’en bouge plus. Heureusement, certains artistes s’amusent à tout brouiller. Tomi Ungerer, Sempé, Savignac… s’il fallait n’en citer que trois. Jean Jullien (1983) est de cette trempe-là. Réputé pour ses travaux d’illustration et une certaine facilité à user d’Instagram, le Français aborde tous les champs avec le même bonheur: peinture, photographie, vidéo, création de costumes, installation artistique in situ, livres, affiches, vêtements, voire animation (il prépare en ce moment une série pour Netflix). Tout aussi à l’aise avec les espaces muséaux, il signe au MIMA une exposition qui se visite comme on tourne les pages d’un roman graphique intimiste. Ponctué de nombreuses peintures marquée par un sens génial de la synthèse, le parcours aligne des sortes d’éblouissants clichés de vacances aux contours picturaux.
On pourrait trouver légère cette iconographie de bord de mer. Il n’en est rien. À travers une importante production, idéalement éclairée et organisée par regroupements chromatiques bien sentis, Jullien se raconte sans nombrilisme. Assurée par des légendes peintes en noir sur les murs blancs, à la main et sans repentir s’il vous plaît, la narration prend le visiteur par le bras. Maison de famille, premiers pas sur une planche de surf, monde vu à travers les yeux de l’enfance -notamment son fils Lou, dont deux tableaux très drôles racontent un épisode de paranoïa inspirée par les allers-retours d’un robot tondeuse- ou encore plages bondées, tout le talent de ce touche-à-tout génial réside dans sa capacité à capter ce temps perdu que l’on ne rattrape plus. Non sans un paradoxe: c’est en travaillant comme un bœuf et en s’extrayant du moment présent que Jean Jullien, un peu comme un Marcel Proust d’aujourd’hui, nous pousse à nous interroger sur notre rapport au présent, à la nature et au monde.
Jean Jullien: Studiolo, au MIMA, à Bruxelles, jusqu’au 31/12. www.mimamuseum.eu
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