L’agenda des expositions de la rentrée : entre passion et engagement

Regards de femme. Du 24 septembre au 18 décembre à La Fondation A, à Bruxelles. © Gabriele and Helmut Nothhelfer
Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

Avec ses sculptures, photographies ou installations, l’offre éclectique des expositions de la rentrée a de quoi en satisfaire (et en transporter) plus d’un. La rédaction a sélectionné six expositions à ne pas manquer.

Jean-Michel Crapanzano et Werner Moron

Le centre wallon d’art contemporain de Flémalle programme une double exposition au propos rafraîchissant. Cette belle demeure entourée de vénérables châtaigniers s’apprête à accueillir deux artistes liés par une certaine vision du futur de l’humanité. Jean-Michel Crapanzano présentera des illustrations inédites d’un roman graphique à venir qu’il consacre aux territoires post-humains. Werner Moron, quant à lui, promet une “installation multidisciplinaire engagée”, ainsi que de faire place aux travaux de trois jeunes étudiants de l’école supérieure des Arts de la Ville de Liège.

Du 10 septembre au 23 octobre à la Châtaigneraie, Flémalle.

© Jean-michel crapazano

Regards de femmes

Déjà dix années d’existence pour la Fondation A, qui souffle les bougies d’une jolie façon: mettre en avant les artistes femmes de la collection consacrée à la photographie. Le casting en question -non des moindres puisqu’il est question de Graciela Iturbide, Diane Arbus, Helen Levitt…- est marqué par l’engagement politique et la volonté de “faire bouger les lignes sur la question de la justice sociale, de la féminité, de l’environnement”. Un axe qui en fait un événement visuel incontournable de la rentrée.

Du 24 septembre au 18 décembre à la Fondation A, Bruxelles.

Didier Vermeiren : Double exposition

Cela faisait un moment que l’on attendait une grande rétrospective à la hauteur de l’œuvre infusée à l’art conceptuel et minimal du sculpteur bruxellois Didier Vermeiren. C’est une bonne chose que ce soit le Wiels, et pas seulement en raison de ses imposants volumes, qui fasse place à cet événement dont les contours épouseront au plus proche le travail d’un artiste qui n’a eu de cesse d’interroger la pratique sculpturale, notamment à travers un questionnement sans relâche autour du socle.

Du 09 septembre au 08 janvier au Wiels, Bruxelles.

© DR

Kinshasa-(N)tonga: entre futur et poussière

Nouveau chapitre greffé au projet-passerelle Living Traces, une programmation initiée par Kanal-Centre Pompidou depuis mars 2022, Kinshasa-(N)tonga entend pousser plus loin la réflexion autour du destin chahuté de la République démocratique du Congo. Plus de 60 ans après l’indépendance du pays, cette exposition en forme de double regard sur le passé et le présent n’est pas un luxe d’intellectuel… mais une nécessité profonde. Pour cette raison, on ne peut que se réjouir du fait qu’après avoir été montrée à Kinshasa, la proposition s’installe désormais à Bruxelles. Au centre du propos, une mégalopole tentaculaire forte d’une population de plus de 10 millions d’habitants dans laquelle se mêlent de manière emblématique sédiments postcoloniaux empreints de “nécropolitique” -un néologisme d’Achille Mbembe qui met au jour le fait que l’expression ultime de la dominance est d’énoncer qui pourra vivre et qui pourra mourir- et possibilité d’une Histoire propre. Plusieurs artistes -Gosette Lubondo, Azgard Itambo, Mega Mingiedi, Sammy Baloji, Prisca Tankwey…- abordent cette urbanité avec pour horizon une phrase signée par l’économiste sénégalais Felwine Sarr: “Le mode singulier d’être au monde, qui définit nos identités, doit se refléter dans l’apparence de nos villes”.

Du 23 septembre au 20 novembre au K1, Bruxelles.

© sammy baloji

Prune Nourry: Infinite Arrows

Artiste vivant entre Paris et New York, Prune Nourry s’est fait connaître internationalement avec son armée de Terracotta Daughters, des sculptures en terre cuite inspirée des fameux guerriers de Xi’an, qu’elle a exposée à travers le monde avant de l’enfouir en Chine dans un lieu tenu secret jusqu’en 2030. Pour sa deuxième exposition à la galerie Templon de Bruxelles, la plasticienne française débarque avec une série d’œuvres inspirées par la symbolique de la flèche et la figure des Amazones.

Du 01 septembre au 22 octobre à la Galerie Daniel Templon, Bruxelles.

© DR

Lisette Model

Cela fait plus de dix ans que le Musée de la Photographie se consacre à la tradition visuelle américaine -Joel Meyerowitz, Gary Winogrand, Robert Frank… Ce cycle entretient un lien étroit avec la collection de l’institution. Pour cette nouvelle saison, c’est au tour de Lisette Model (1901-1983) d’être mise à l’honneur. “Photographiez avec vos tripes”, avait coutume d’enseigner ce talent d’origine autrichienne qui a compté Diane Arbus parmi ses élèves. Il est vrai que la street photography qu’elle a pratiquée ne manque pas d’intensité. Rendues distinctives par des recadrages expressionnistes et autres contre-plongées théâtrales, ses images occupent une place à part dans l’Histoire de la photographie mondiale.

Du 24 septembre au 22 janvier au Musée de la Photographie, Charleroi.

© Lisette Model

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