Dans ses tableaux, Rinus Van de Velde déploie son art du “mentir vrai”

Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

La nouvelle exposition de Rinus Van de Velde à la galerie Tim Van Laere nous invite à reprendre contact avec le monde onirique de l’artiste belge.

Rinus Van de Velde

Jusqu’au 4 octobre à la Tim Van Laere Gallery, à Anvers.

La cote de Focus: 4/5

Deux années après sa dernière exposition à la galerie Tim Van Laere d’Anvers, Rinus Van de Velde (1983) remet le couvert avec la régularité d’un Beaujolais nouveau que l’on ne déboucherait qu’un an sur deux. Ce rythme de création soutenu –on reste loin d’un Quentin Dupieux– permet à l’intéressé d’approfondir le sillon qui est le sien, soit celui du «mentir vrai». On le sait, le Louvaniste, installé à Anvers, sacre, en plus du repli vers l’intérieur, le primat de l’imagination sur le réel. «Si je devais résumer ma pratique en un mot, ce serait ce que les Anglais appellent le daydreaming, ce que l’on pourrait traduire par la rêverie, le fait de rêvasser, comme on peut le faire en regardant un paysage défiler depuis un wagon», confie-t-il régulièrement pour éclairer sa pratique.

Ce credo onirique, cher à un écrivain comme Pessoa, imbibe plus que jamais le nouvel accrochage. Celui-ci déroule une petite vingtaine de dessins au pastel à l’huile (très souvent au format 172 x 112 cm) ponctués de l’un de ces autoportraits grand format au fusain qui ont fait sa réputation. On sait l’importance générative du trait dans l’œuvre du Flamand dans la mesure où un destin incertain échoit régulièrement à son travail, qu’il soit peint ou même dessiné –des pièces plus synthétiques témoignent de ce phénomène. «Ce qui commence comme une « étude préparatoire » peut aboutir à une œuvre autonome –et inversement. En jouant continuellement sur ces renversements, Rinus Van de Velde rompt avec l’idée d’un processus de création linéaire. Il lui préfère un modèle cyclique et multidisciplinaire, où tout est à la fois point de départ et point d’arrivée», explique-t-on chez Tim Van Laere. Une pièce, aussi inédite qu’impressionnante, exposée dans le patio extérieur, fait écho à ces manœuvres en trompe-l’œil: il a fait couler en aluminium un arbre entièrement fabriqué en carton, qu’il a peint ensuite, comme pour mieux égarer le visiteur dans un labyrinthe visuel. Dommage pour les amateurs de son travail cinématographique, le quatrième film du plasticien est encore en production. Ceux-ci pourront toujours se consoler avec une fascinante installation –Prop, Submarine– en forme de sous-marin peuplé de marionnettes, dont certaines sont à l’effigie de l’artiste lui-même ou de Claude Monet.

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