Expanding Art: l’expo qui ravive un pan oublié de l’oeuvre d’André Cadere
Avec Expanding Art présenté à la Fondation CAB, le galeriste et commissaire Hervé Bize signe une passionnante rétrospective contextualisant l’œuvre de l’artiste roumain André Cadere.
Quelle est la difficulté de monter aujourd’hui une exposition autour du travail d’André Cadere?
Du fait du décès prématuré de l’artiste, à 44 ans, couplé à la rareté des œuvres, ce n’est pas le type d’exposition que l’on peut improviser facilement. En plus de ça, les œuvres qui restent dans la succession sont très limitées, elles ne permettent pas à elles seules de mettre une proposition sur pied. Il faut mener des recherches pour pouvoir donner à voir des pièces inédites, il est à comprendre que 98% des prêts sont consentis par des privés. La difficulté de montrer Cadere est grande. Ça nous a pris deux ans pour imaginer un propos en phase avec l’architecture du lieu.
Vous ne vous limitez pas à montrer les fameuses barres de bois rond…
L’ambition était de faire mesurer le cheminement qui mène à l’apparition de ces barres qui sont aujourd’hui immanquablement associées à son travail. En quelques œuvres, le visiteur peut comprendre comment Cadere quitte le rapport du plan du mur et du tableau classique pour passer à un objet en trois dimensions. L’exposition tout entière joue sur l’horizontalité et la verticalité.
La dernière partie de Expanding Art compile des documents…
Oui, et ça n’a rien d’anecdotique car elle permet de renouer avec un pan oublié de l’œuvre de Cadere, celui du rapport au langage. Il a réalisé des pièces textuelles qui sont parfois de simples “statements” et qui, à d’autres moments, prennent un caractère performatif. La plupart étaient envoyées par courrier mais l’artiste pouvait aussi s’amuser à en glisser dans des revues vendues, par exemple, dans une librairie comme La Hune à Paris. Cette partie, qui a été dispersée et que nous nous appliquons à reconstituer avec la succession, détaille les activités qui accompagnent la réalisation des barres de bois rond. Il est question de la manière dont celles-ci sont mises en circulation à la fois dans un contexte classique, celui des galeries et des institutions, ainsi que dans l’espace public, la rue. Cadere a voulu faire exister son œuvre en toute circonstance.
André Cadere, Fondation CAB, à Bruxelles. Jusqu’au 15/07.
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