En direct depuis la Mostra : The Master, de Paul Thomas Anderson

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Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Durant cette 69e édition de la Mostra de Venise, retrouvez chaque jour le film coup de coeur de notre envoyé spécial, Jean-François Pluijgers.

Cinq ans après There Will Be Blood, c’est peu dire que The Master, le nouveau film de Paul Thomas Anderson, était fort attendu, la sala Darsena étant d’ailleurs prise d’assaut par la presse dès potron-minet.

Drame d’une suffocante intensité, The Master navigue dans les mêmes eaux que son prédécesseur. Nous sommes dans l’Amérique des années 50, et Lancaster Dodd (Philipp Seymour Hoffman), leader charismatique d’une secte, The Cause, trouve bientôt en Freddie Quell (Joaquin Phoenix), ex-marine laissé, dans la foulée de la guerre, à son alcoolisme et à son instabilité chronique, le cobaye idéal pour mettre à l’épreuve ses théories et ses thérapies. Soit un salmigondis où il est question de libérer l’individu de ses traumatismes antérieurs, de lui permettre de prendre le contrôle de son existence, ou encore de renouer avec sa perfection originelle, à l’abri de toute pulsion – discours fumeux que le prédicateur charmeur ne manque pas d’amender à vue.

Parti sur ses bases, le film explore, deux heures durant, la relation ambiguë s’installant entre ces deux hommes, mentor et disciple fragile, suivant une dynamique fluctuante. C’est dire si l’on est ici en terrain familier, The Master ayant des allures de miroir déformant de There Will Be Blood (et Joaquin Phoenix allant par endroits jusqu’à opérer un saisissant rapprochement mimétique avec Daniel Day-Lewis). D’un credo l’autre, en somme, l’entreprise s’avérant, pour le coup, aussi viscérale qu’étouffante, tandis que s’y déploie la singularité acérée du regard de Paul Thomas Anderson. Soit, d’ores et déjà, l’un des grands moments de cette Mostra, porté par deux acteurs proprement sidérants.

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