ALFONSO CUARON PROPOSE UNE EXPÉRIENCE DE CINÉMA INÉDITE, IMMERGEANT LE SPECTATEUR DANS LE COSMOS À LA SUITE DE SANDRA BULLOCK, POUR UNE DÉRIVE FASCINANTE.

Gravity

DE ALFONSO CUARON. AVEC SANDRA BULLOCK, GEORGE CLOONEY. 1 H 31. DIST: WARNER.

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Sorti à l’automne dernier, Gravity aura assurément marqué les esprits, le dernier opus du réalisateur mexicain Alfonso Cuaron semblant repousser les frontières du cinéma de science-fiction, comme avait pu le faire en son temps le 2001: A Space Odyssey de Stanley Kubrick, pas moins. A la prouesse technique, le film ajoutait, il est vrai, le parfum de l’inédit, le relief, la mise en scène savante et un impressionnant travail sur le son, happant littéralement le spectateur dans l’immensité du cosmos, pour une expérience immersive d’une saisissante et angoissante beauté.

Une histoire de renaissance

Paraissant en Blu-ray à la veille d’Oscars qui pourraient consacrer définitivement le talent du réalisateur de Children of Men, le film, privé de la 3D, n’en reste pas moins un moment de cinéma d’une intensité peu banale. L’équipage d’une navette spatiale y voit une mission de routine -des réparations à effectuer sur le télescope Hubble- tourner au cauchemar, lorsque vient à s’abattre une pluie de débris orbitaux. Pour ne laisser, dérivant dans l’espace, que deux astronautes, le chevronné Matt Kowalsky (George Clooney) et l’inexpérimentée Ryan Stone (Sandra Bullock), avec des chances de survie proches du néant auquel ils se trouvent confrontés… Parti sur ces bases minimalistes, le film prend, pendant une heure durant, les contours d’un fascinant ballet en apesanteur. Et si la suite adopte les contours, plus convenus, d’un rollercoaster, sacrifiant une partie de l’ambition philosophique annoncée sur l’autel de l’efficacité hollywoodienne, ce thriller spatial n’en reste pas moins aussi audacieux (a fortiori s’agissant d’un blockbuster -264 millions de dollars de recette quand même), qu’envoûtant, au point de supporter allègrement une seconde vision.

Des compléments nombreux accompagnent par ailleurs cette édition. Parmi ceux-là, le making of Gravity: Mission Control, plus long que le film, vaut largement le détour. Cuaron, ses acteurs et son équipe, y reviennent dans le détail (du scénario –« une histoire de renaissance »– à l’animation finale, en passant par la prévisualisation de l’ensemble des plans du film) sur une aventure les ayant monopolisés pendant plus de quatre ans. Un laps de temps à la mesure des défis technologiques à relever à chaque niveau de la production, en plus de ceux, physiques et émotionnels, posés à une Sandra Bullock mise à rude épreuve. Quant au court métrage Aningaaq, de Jonas Cuaron, fils de Alfonso et coscénariste de Gravity, il offre un contrepoint étrange au film, puisqu’il reprend, du point de vue du pécheur Inuit, la conversation radio irréelle reliant, fugacement, Ryan Stone à la Terre, quelque part entre la vie et la mort. Fort, pour le moins.

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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