Empty Beds ***

© jay-jay Johanson

Quitter un lit sans avoir un regard pour lui n’est pas seulement ingrat, c’est également une faute de goût manifeste. Juste après le lever, les draps défaits disent encore la trace du corps qui errait dans les limbes du sommeil. C’est un petit miracle éphémère que la matière garde en mémoire de ce voyage inconscient, immobile, entrepris de nous à nous, dont la science nous explique combien il est en réalité une nécessaire reconstruction. En 2000, alors qu’il effectue la tournée mondiale de son troisième album, Poison, Jay-Jay Johanson décide d’immortaliser les couches qu’il laisse derrière lui. Depuis plus de 20 ans, photographier cette “mélancolie intime”, comme il la nomme, deviendra un véritable rituel pour l’auteur-compositeur- interprète. “Ce portrait d’un objet absent devient le symbole de la solitude, du vide et de la tristesse que j’ai pu ressentir”, détaille celui qui a décidé de donner à voir cette série à Bruxelles. Cette incursion artistique ne doit pas vraiment surprendre de la part d’un homme à la sensibilité artistique exacerbée. Pour rappel, l’intéressé a d’abord œuvré comme graphiste, un métier indirectement soufflé par son père dont le métier était typographe, pour le magazine britannique i-D. Au total, Empty Beds présente plus d’une centaine d’émouvantes images verticales -36 en noir et blanc, 84 en couleur-, prises de Lille à São Paulo, en passant par Moscou et Istanbul, qui témoignent de l’étrangeté de la vie en tournée, cette incarnation d’un nomadisme promotionnel. En bonus, le Suédois montre Sleep, un film couleur, ainsi que des toiles et des sculptures. Le tout est emballé dans une atmosphère sonore spécialement imaginée par l’artiste pour l’occasion.

De Jay-Jay Johanson, Hôte Gallery, à Bruxelles, du 12 au 31/03.

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