Critique | Séries/Télé

Elvis sauve le monde en série animée

3,5 / 5
© netflix
3,5 / 5

Titre - Agent Elvis

Réalisateur-trice - Une série créée par John Eddie et Priscilla Presley

Quand et où - Disponible sur Netflix

Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

Co-créée par Priscilla Presley en personne, cette délirante série animée imagine le King en agent secret chargé de sauver le monde.

Le concept est complètement improbable. Jugez plutôt: mandaté par une mystérieuse agence gouvernementale, Elvis Presley se lance à corps perdu, entre deux concerts, dans des missions secrètes qui l’amènent à combattre par l’ultraviolence les forces occultes menaçant l’équilibre mondial. Tout commence à Burbank, en 1968, aux studios NBC, où le King, visiblement fatigué, est censé enregistrer une chanson de Noël flanqué d’une bande d’elfes délinquants grimés à son effigie. Mais l’irruption d’un certain Charles Manson et de ses adeptes illuminés du Spahn Ranch va rapidement amener le récit sur un autre terrain: celui d’un trip sanglant, drôle et sexy qui multiplie les références cramées à la culture pop sur fond d’intrigues d’espionnage chaotiques et hallucinées. Catapulté du jour au lendemain agent secret au déhanché le plus bagarreur de l’Amérique, Elvis le Pelvis se fait alors fort de combattre, en génie égocentré de l’infiltration, tous ceux qui cherchent à transformer le rock’n’roll en arme de destruction massive, croisant au passage la route de Howard Hughes, George Lucas, Stanley Kubrick, Timothy Leary et bien sûr Richard Nixon (à qui le vrai Elvis avait à l’époque proposé ses services dans la lutte contre les narcotrafiquants), quand il ne s’agit pas des Beatles sous LSD ou de la tête congelée d’un Walt Disney sauvagement décapité…

https://www.youtube.com/watch?v=UCk3wHGJ3qs

Joyeux foutoir

Sur le fond comme sur la forme, on pense beaucoup, face à Agent Elvis, à la série Archer, délirant condensé d’animation colorée et hyper graphique qui mêle humour (très) trash et parodie d’espionnage. Bourrée d’allusions sexuelles et de parenthèses droguées, cette nouvelle création frappée du “N” rouge du géant du streaming flirte elle aussi volontairement avec le grand n’importe quoi dans un esprit de joyeux foutoir irrévérencieux aux vertus euphorisantes. Jouant du split screen, d’un découpage speedé et d’angles de vues impossibles, elle se moque sans vergogne de la carrière cinématographique du King, des paroles de ses chansons et de ses idées conservatrices tout en privilégiant un cocktail déjanté de gags et d’action qui semble n’avoir d’autre prétention que de se (et de nous) faire plaisir.

À noter qu’il est plus que jamais impératif de regarder la série en version originale puisqu’Elvis Presley a ici la voix de Matthew McConaughey. L’acteur d’Interstellar et de True Detective s’en donne à cœur joie dans de longs monologues traînants et veloutés aux inflexions azimutées. À ses côtés, le casting voix accueille Johnny Knoxville (Jackass), Don Cheadle (Ocean’s Eleven) et même Baz Luhrmann (le réalisateur du biopic Elvis) mais surtout Priscilla Presley elle-même dans son propre rôle. L’ex-femme du King co-crée d’ailleurs cette série dont le premier épisode est dédié à la mémoire de leur fille unique, Lisa Marie, décédée en janvier dernier.

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