Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Le rock belge en télé, c’est par où? Sans surprise, direction le Net.

Rideau. Le 1er janvier, MCM Belgique disparaissait des écrans. Cela faisait 15 ans que la chaîne musicale tenait l’antenne. A vrai dire, on s’étonne presque qu’elle se soit maintenue si longtemps. Apparue dans les grilles télé belges en 1995, ce n’est qu’en 2002 qu’elle a lancé un signal proprement belge. On se rappelle de la douce euphorie qu’avait su créer l’annonce de ce décrochage noir-jaune-rouge. Une véritable aubaine pour le paysage musical local, qui jusque-là n’avait que rarement bénéficié d’une grande visibilité. Cela tombait d’ailleurs bien: c’est aussi au début des années 2000 qu’a commencé à s’ébrouer une véritable scène rock francophone. Longtemps balbutiante, limitée à quelques cas isolés, elle s’agitait enfin. Et les groupes de se multiplier, les festivals wallons d’abonder…

Janvier 2010, l’ambiance est retombée. La faute à la crise du disque? En tout cas, il n’y a pas de raison que les vedettes locales y échappent. Les signaux sont ainsi passés au rouge: le label Bang! qui s’évapore dans Pias, un artiste comme Jéronimo qui décide d’arrêter les frais… Même Ghinzu devra vraisemblablement se « contenter » de remplir le club de Forest, alors qu’on a pu croire un temps qu’il jouerait en configuration pleine. Et puis voilà maintenant que MCM Belgique met la clé sous le paillasson. Depuis un temps déjà, son ancrage local s’était effiloché, réduit quasiment à peau de chagrin. Le manque d’annonceurs a fait le reste. La chaîne est abandonnée par le groupe français Lagardère, qui ne la considère plus comme rentable. En général, les stations musicales éprouvent beaucoup de mal à évoluer. Comme tous les médias traditionnels, a fortiori ceux qui ont pour cible un public jeune, elles souffrent de la concurrence du Net. Jusqu’ici, elles s’en sont notamment sorties en sautant à deux pieds joints, et dès le départ, dans la téléréalité. Mais la recette commence à montrer ses limites.

Plateforme

En attendant, les musiciens belges francophones voient donc leur fenêtre d’exposition se rétrécir à nouveau. Restent bien les émissions Sampler (Plug) ou surtout Décibels on stage (La Deux), mais elles font figures d’îlots de plus en plus isolés. La solution? Comme souvent, elle est à chercher là où se trouve (une partie) du problème: sur le Net. On pouvait déjà compter sur l’équipe de Waf et ses reportages ou autres clips carburant à l’enthousiasme. Autre exemple: Moodio TV. Au moment où MCM Belgique annonçait ne pas passer l’hiver, le projet était officiellement mis en orbite. Soit moins une télévision qu’un site Internet centré sur la scène musicale belge, aussi bien francophone que flamande. Par ailleurs, Moodio TV ne tient pas seulement à couvrir tout le pays, mais aussi tous les genres; rock, électro, jazz, hip hop, world… Elle a commencé à le faire il y a plus d’un an, avec des reportages, des interviews, des sessions acoustiques. Ce n’est pas tout: Moodio TV propose également à chaque musicien, pro ou amateur, de créer son propre espace sur le site. Car le discours de Moodio est clair: elle se veut entièrement « dédiée à la promotion des artistes et des acteurs de l’industrie musicale ». A première vue, il n’est donc pas question ici d’un magazine à la vision éditoriale bien charpentée, mais bien d’une plateforme. Ou encore, on y revient, d’une vitrine. Ce n’est pas les artistes qui s’en plaindront…

www.moodio.tv

Laurent hoebrechts

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