Éclectique Hathaway

Les Gars du large © National

Cinéaste au caractère bien trempé, Henry Hathaway était à l’aise dans les registres les plus divers. Démonstration en quatre films des années 30.

Réalisateur à la réputation tyrannique –I’m a bastard, aimait-il à dire-, Henry Hathaway a signé, tout au long d’une carrière s’étirant sur plus de quatre décennies, une volée de classiques, au rang desquels Les Trois Lanciers du Bengale, Le Carrefour de la mort, Niagara ou autre True Grit. Tournés au cœur des années 30, les quatre films qu’exhume aujourd’hui Elephant viennent témoigner de l’éclectisme d’un cinéaste prolifique. C’est pour toujours est le premier des sept films que devait tourner HH avec Gary Cooper. L’acteur y campe Johnny Day, un escroc courant les palaces avec sa compagne, Toni (Carole Lombard), couple dont l’existence fastueuse va être bouleversée par l’arrivée dans leur vie de Penny (Shirley Temple), fillette espiègle qu’avait eu le malandrin avec sa défunte épouse. S’ensuit une comédie pétillante où, complétant le duo de stars, Shirley Temple fait des étincelles. On retrouve Cooper au générique d’Âmes à la mer, film d’aventures maritimes sur arrière-plan d’esclavagisme. Là encore, l’acteur joue un personnage ambivalent en apparence, le film s’ouvrant sur son procès alors que, capitaine d’un navire ayant fait naufrage entre l’Angleterre et l’Amérique, il est accusé d’avoir provoqué la mort d’une partie des passagers pour en sauver d’autres, circonstances aggravées par son passé supposé de négrier… Un témoignage viendra le rétablir dans ses habits de héros abolitionniste, la reconstitution qui s’ensuit n’étant pas avare en morceaux de bravoure annonçant… Titanic.

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Western dans le Grand Nord

Western bucolique, La Fille du bois maudit met en scène deux familles des régions montagneuses du Kentucky, les Tolliver et les Falin, qu’oppose une haine dont les raisons se perdent dans la nuit des temps. Un petit monde vivant dans une autarcie destructrice que va bousculer l’arrivée d’ingénieurs étudiant la possibilité de construire une voie ferrée. L’intrigue, qui se double d’un volet sentimental autour du triangle Sylvia Sidney-Fred MacMurray-Henry Fonda, ne présente guère d’intérêt, mais le film, mineur, est sauvé par sa facture visuelle, et le recours éclairé au Technicolor. Fonda se montre plus inspiré dans Les Gars du large, curieux film s’ouvrant comme un documentaire animalier et transposant dans le Grand Nord, en Alaska, un argument de western. Deux pêcheurs, amis de toujours, s’y déchirent sur arrière-plan de saison du saumon, l’un (George Raft, épatant) tenant d’un ancien monde, l’autre (Fonda) d’une Amérique nouvelle fondée sur les affaires mais pas moins violente pour autant, confrontation culminant dans un final tout simplement magistral.

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C’est pour toujours

Comédie de Henry Hathaway. Avec Gary Cooper, Carole Lombard, Shirley Temple. 1 h 21. 1934.

La Fille du bois maudit

Western de Henry Hathaway. Avec Henry Fonda, Fred MacMurray, Sylvia Sidney. 1 h 42. 1936.

Âmes à la mer

Aventures de Henry Hathaway. Avec Gary Cooper, George Raft, Frances Dee. 1 h 32. 1937.

Les Gars du large

Aventures de Henry Hathaway. Avec Henry Fonda, George Raft, Dorothy Lamour. 1 h 50. 1938. Distribués par Elephant.

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