Critique

Divinity: Original Sin, travail d’orfèvre blanc bleu belge

"Original Sin danse autour des braises éteintes des jeux de rôles d'antan." © Divinity: Original Sin
Michi-Hiro Tamaï Journaliste multimédia

Derrière ses sortilèges et ses combats vertigineux, Divinity: Original Sin cache un univers médiéval fantastique d’une profondeur inouïe.

Swen Vincke souriait, il y a quatre ans, à Los Angeles. Le patron de Larian Studios avait réussi à planter ses crocs sur le show floor de l’E3, le plus grand salon du jeu vidéo au monde. Un micro stand pour un studio belge de 43 développeurs. Mais le Gantois pestait sur un secteur gaming peuplé de constructeurs de consoles, hostiles aux développeurs indépendants. Entre-temps, la roue a tourné. Le cloud gaming que Larian a investi n’a pas percé. Le financement participatif lui a toutefois permis de cultiver sa passion médiévale fantastique. Saga populaire chez les gamers avertis depuis 2002, Divinity a ainsi raflé 705 000 euros via Kickstarter pour Original Sin, son nouvel opus.

L’engouement en valait la peine. Car comme Divinity II: Dragon Knight Saga (précédent épisode de la franchise vendu à plus d’un million d’exemplaires), Original Sin a tout du jeu fait à l’ancienne. Un travail d’orfèvre presque anachronique qui échappe au diktat marketing des gros éditeurs. Passé une intro et un pitch de départ dispensables qui invoquent paresseusement orques, morts-vivants et meurtre mystérieux d’un notable, le jeu de rôle noir-jaune-rouge plonge dans une profondeur ludique vertigineuse. La production influencée par des classiques comme Ultima et Baldur’s Gate en reprend certains préceptes pour les revisiter avec bonheur.

Dans Divinity: Original Sin, vous incarnez un duo plutôt coriace.
Dans Divinity: Original Sin, vous incarnez un duo plutôt coriace.© Divinity: Original Sin

Voleur, combattant, acrobate et autre mage tapissent ainsi onze profils de départ à parcourir pour créer deux avatars qui combattront côte à côte dans l’aventure. Ce binôme bien senti (qui se complète plus tard de deux coéquipiers supplémentaires) s’immisce parfaitement dans les ressorts ludiques d’Orginal Sin. Au-delà d’une complémentarité tactique que le joueur devra travailler comme un coach avec son équipe de foot, il amène ainsi une dynamique de dialogues jubilatoires. Face à des gardes ennemis, avant le combat, des conflits peuvent ainsi naître au sein même du duo sur la décision d’attaquer ou pas.

Empathy for the Devil

Ces dialogues à choix et embranchements multiples se soldent parfois par un non-lieu débouchant alors sur un pierre papier ciseau tranchant la décision. Un détail qui a son importance puisqu’il influera directement sur certaines compétences (comme l’empathie) de ses avatars. Ce côté jeu d’aventure se traduit également par des puzzle games utilisant des pouvoirs magiques comme la télékinésie, des objets cachés et des indices à trouver chez des PNJ… indispensables pour avancer dans l’aventure.

Dur, long et ne prenant pas le joueur par la main, Original Sin articule ses combats au tour par tour, à l’ancienne. Le tout avec une dimension tactique puisque les points d’action de chaque personnage délimitent les types d’attaques physiques et les sorts magiques possibles. Mais aussi leur déplacement autour des ennemis pendant les combats. Peuplé de centaines de gueules cassées à même de déclencher des missions annexes et gorgé d’une quantité invraisemblable d’objets, Original Sin danse autour des braises éteintes des jeux de rôles d’antan. Une démarche proche du cultissime Fallout 2. Rare et précieuse.

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