Panique au District 9 – Faux documentaire habile, District 9 revisite joliment le thème de l’invasion extra-terrestre, entre série B assumée et portée métaphorique. Une réussite.

De Neill Blomkamp. Avec Sharlto Copley, David James, Jason Cope. 1 h 51. Sortie: 30/09.

De Invasion of the Body Snatchers à The Day the Earth Stood Still, en passant par War of the Worlds, The Village of the Damned, Mars Attacks! et autre Men in Black, l’invasion extra- terrestre demeure l’une des antiennes du cinéma de science-fiction, le thème offrant, il est vrai, un potentiel pratiquement inépuisable de déclinaisons – métaphoriques, philosophiques ou encore parodiques. On pensait, pour tout dire, avoir à peu près tout vu en la matière, sauf évolutions liées aux nouvelles générations d’effets spéciaux. Voilà pourtant que surgit dans le paysage cinématographique ce District 9, ovni filmique venu d’ailleurs, ou plus précisément d’Afrique du Sud, où il a été réalisé par un parfait inconnu, Neill Blomkamp (avec la bénédiction de Peter Jackson, producteur du film).

Crevettes géantes et pâtée pour chats

District 9 s’appuie sur un scénario gonflé. Voilà 20 ans que des extra- terrestres ont établi un contact avec la Terre. Mais en lieu et place de l’assaut sanglant redouté, les envahisseurs se sont bornés à garer leur vaisseau spatial dans le ciel de Johannesbourg, l’équipage se révélant au bout du compte composé de réfugiés de l’espace. Et se voyant, à ce titre, promptement assigné dans des camps, le District 9, une zone de non-droit où ces aliens aux allures de crevettes géantes vivent agglutinés en se gavant de pâtée pour chats, sous la surveillance d’une société privée, la Multi-National United.

Vient le jour où, supportant de plus en plus difficilement ce voisinage encombrant, les humains décident d’organiser le déplacement des extra-terrestres. Chargé du contrôle des opérations, Wilkus van der Merwe est bientôt contaminé par un virus inconnu. En conséquence de quoi il devient l’individu le plus recherché de la planète, le seul à même, en effet, d’activer par son ADN les armements venus d’ailleurs…

Cette histoire, Neill Blomkamp choisit, et c’est l’intérêt premier du film, de la relater sur le mode du mockumentary – un faux documentaire, dont son mentor, Peter Jackson, avait signé un formidable exemple il y a une dizaine d’années avec Forgotten Silver. Et le spectateur de découvrir un reportage particulièrement décoiffant, avec témoignages d’experts mais aussi ceux de quidams évoquant, face caméra, une situation devenue intolérable à leurs yeux.

Au-delà de ce dispositif ingénieux, District 9 recourt habilement à la tradition de la science-fiction à portée métaphorique, évoquant à la fois la réalité de l’apartheid, et le sort réservé aux réfugiés de tout poil. Ambition qui ne vient toutefois pas plomber l’efficacité d’un film qui s’accroche vaillamment à son statut de série B, en un cocktail particulièrement stimulant (auquel se greffe encore un hommage à The Fly, histoire, peut-être, d’avoir fait le tour de la question). Vous reprendrez bien un peu de Whiskas?

www.district9.fr

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Jean-François Pluijgers

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