Ces réalisateurs de cinéma qui se sont essayés au petit écran
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A plus de 70 balais, le réalisateur culte de Taxi Driver, Raging Bull et Goodfellas tient toujours une pêche d’enfer, et reste hyper avisé dans ses choix. Preuve en télé où, de 2010 à 2014, il produit le chef-d’oeuvre mafieux Boardwalk Empire, dont il a aussi signé le premier épisode, dantesque. Il récidive cette année, certes en mode davantage mineur, avec Vinyl, toujours pour HBO.
VERDICT: TALENT TOUT-TERRAIN.
Le réalisateur de The Sixth Sense signe le pilote et produit pour Fox Wayward Pines, série à l’étrangeté résolument balisée où le revenant Matt Dillon campe un agent des services secrets américains inexplicablement catapulté au coeur d’une bourgade de montagne dont l’idyllisme douteux biberonne à la source de secrets peu avouables. Fourre-tout, la chose ploie sous le poids de ses écrasantes influences.
VERDICT: N’EST PAS DAVID LYNCH QUI VEUT.
Bien sûr, il y a avait déjà eu Miami Vice ou Crime Story (et même des scénarios pour… Starsky & Hutch). Mais fin 2011, Mann (Heat) produit et signe surtout le pilote de Luck, immense série évoluant dans le milieu des courses hippiques, dont il définit la charte graphique, crépusculaire. Scandaleusement incompris, et miné par la mort de plusieurs chevaux, le show est arrêté après neuf misérables épisodes.
VERDICT: INJUSTICE TOTALE.
Non content de continuer à livrer à un rythme proprement métronomique son film annuel, le père de Manhattan, plus de 80 ans au compteur, s’est piqué en 2016 de s’essayer à la mini-série télé. Comédie (forcément) névrosée et agitée par les remous socio-politiques des années 60, Crisis in Six Scenes n’a pas convaincu à la rentrée sur Amazon, malgré le tandem inédit Woody-Miley Cyrus en tête de casting.
VERDICT: EN ROUE LIBRE.
On ne présente plus House of Cards, la série parrainée par le réalisateur de Seven et Fight Club. S’il est permis de trouver la chose franchement borderline dans sa fascination obstinée pour une certaine glacialité et l’art consommé de la manipulation -des adresses incessantes, et infantilisantes, au téléspectateur-, le succès est au rendez-vous. Fincher reviendra l’an prochain sur Netflix avec Mindhunter.
VERDICT: EFFICACE, À DÉFAUT D’ÊTRE FIN.
The Get Down, sa série sur les débuts du hip hop lancée cette année sur Netflix, emprunte largement à sa grammaire filmique: baroque, romantique, blindée de montages alternés censés culminer en climax euphorisants… Mais un peu trop guimauve pour être tout à fait honnête, le nouveau bébé de Luhrmann (Romeo + Juliet, Moulin Rouge!) apparaît aussi très improbable et naïf sur la longueur.
VERDICT: ÉLÈVE BRILLANT MAIS DISSIPÉ.
En qualité de producteur exécutif, le papa d’ET n’en finit pas de recycler ses marottes en télé: intelligence artificielle et expériences dans l’espace (Extant sur CBS), science-fiction et dinosaures (Terra Nova sur Fox), extraterrestres et sens de la famille (Falling Skies sur TNT)… Pour un résultat à chaque fois sans nuance, tout juste divertissant et « consommable ». Il semble loin le temps de Band of Brothers…
VERDICT: PEUT MIEUX FAIRE.
Le réalisateur d’Elephant et Last Days s’aventurant sur le terrain miné de la série télé politique? Il y avait là matière à se montrer sceptique. A la production exécutive et à la barre du pilote de Boss, sur Starz, Gus Van Sant imprime pourtant une esthétique et un ton très singuliers et vraiment convaincants, filmant les ressorts viciés du pouvoir façon tragédie grecque malade.
VERDICT: ÉTONNANT.
L’an dernier, les réalisateurs frères -devenus réalisatrices soeurs- de la trilogie Matrix se fendent pour Netflix de Sense8, série connectant émotionnellement huit individus éparpillés aux quatre coins du monde. Le résultat, décomplexé, est une célébration nawak, hypersexuée et sous LSD des minorités emballée dans un gloubi-boulga ésotérique à mourir d’ennui et d’embarras.
VERDICT: EST-CE BIEN RAISONNABLE?
Avec Top of the Lake, la Néo-Zélandaise palmée (The Piano) signait il y a trois ans une chronique intimiste soufflante de justesse dans les paysages sublimés de sa mère patrie, s’insinuant sur un faux rythme en territoire quasi mystique. Un petit air, fascinant, de paradis perdu co-écrit en compagnie de son vieux complice Gerard Lee. La deuxième saison, avec Nicole Kidman, arrive en 2017.
VERDICT: LA SUITE, ET VITE.
Cinéaste inégal, mais jamais aussi bon que quand il investit le terrain gothique (Le Labyrinthe de Pan, L’Échine du diable, Crimson Peak), Guillermo del Toro se vautre grossièrement en adaptant pour FX sa propre trilogie, gore et virale, de romans écrite avec Chuck Hogan, The Strain. Affaire à suivre, toutefois, puisqu’on le retrouvera avant Noël à la création de la série animée Trollhunters sur Netflix.
VERDICT: L’ESPOIR FAIT VIVRE…
En 2013, il signe pour HBO le flamboyant téléfilm Behind the Candelabra et annonce sa retraite cinéma. Dans la foulée, Steven Soderbergh (Sex, Lies, and Videotape, Ocean’s Eleven) réalise tous les épisodes de The Knick, solide série US auscultant les origines tourmentées de la médecine moderne, puis produit The Girlfriend Experience, anthologie adaptée de son propre long métrage, pour Starz.
VERDICT: RETRAITE VIGOUREUSE.
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