Des mois de sueur pour un week-end « Made in Asia »
Brussels Expo sera à l’heure asiatique du 8 au 10 mars pour la cinquième édition du salon « Made in Asia ». Un évènement préparé depuis des mois par des exposants et organisateurs passionnés.
Jeudi 1er mars. Par un après-midi tranquille, une petite équipe fignole les derniers détails d’un grand évènement. C’est au sous-sol de Conceptum Events, à Overijse, que Sébastien Flament et ses collègues organisent le salon Made in Asia, qui a lieu ce week-end au Heysel. 23 000 mètres carrés, 200 exposants et 25 000 visiteurs attendus, c’est un salon important qui demande beaucoup de travail. Et l’équipe du » M.I.A » n’est pas la seule à se démener : de nombreux fans préparent des activités, des conférences et des concours, pour l’amour de leur passion et au péril de leur temps libre.
Made in Asia, neuf mois de travail
Sébastien, 25 ans, est un des deux organisateurs de l’évènement. Durant 9 mois, avec sa collègue flamande, il a mis sur pieds la cinquième édition d’un salon qui a bien grandi depuis son lancement, en 2009. Avec 30% de visiteurs en plus chaque année, Made in Asia a pu voir grand et occupera ce week-end deux palais du Heysel ainsi que le patio.
A quelques jours du salon, il reste toujours quelque chose à faire. Ce jour-là, la petite équipe organise les rôles de la trentaine de bénévoles inscrits cette année. C’est François qui sera chargé de chapeauter cette équipe motivée. De son côté, Julie, grande lectrice de mangas, participe pour la première fois à l’organisation d’un salon en tant que stagiaire. « C’est mon assistante, mais elle en fait autant que moi », admet Sébastien. Ici, chaque personne est indispensable à la bonne tenue de l’évènement, ce qui donne du travail et des responsabilités. Malgré tout, Julie compte bien réitérer l’expérience. La moitié des bénévoles reviendraient également d’une année sur l’autre.
L’équipe s’agrandit tout de même le jour du salon avec une dizaine de personnes sur place. « On doit être là car il y a toujours des imprévus, l’activité qui commence en retard, un stand sans courant, ce genre de choses », précise Sébastien. Ses amis viennent souvent à la rescousse pour donner un coup de main. L’équipe de Made in Asia a même son guide touristique maison, chargé de faire visiter Bruxelles aux invités japonais. Un rôle bien moins futile qu’il n’y paraît, car la qualité de l’accueil et le professionnalisme de l’organisation sont très importants pour les Nippons.
Organiser un tel évènement a aussi un coût, mais Sébastien souhaite que Made in Asia reste accessible. Même si le salon s’agrandit, il refuse de « toucher au prix des places », contrairement à Japan Expo Belgium. Installée à Tour & Taxis depuis 2011, la convention venue de France a importé avec elle ses très onéreux billets » premium « . En 2012, le forfait trois jours le plus cher coûtait 50 euros. Peu convaincu par ce système, Sébastien préfère pousser les fans les plus motivés à se lever tôt. « Nous n’avons pas d’objectif de rentabilité immédiate. C’est aussi pour ça que la soirée d’ouverture du vendredi est gratuite ».
Belgotaku, le fun avant tout
Pendant ce temps, de nombreux passionnés s’activent dans l’ombre pour que le salon soit un succès. Voilà quatre mois que Belgotaku prépare sa « Shibuya Fiesta ». Dans cette allée, nommée en référence au quartier branché de Tokyo, la communauté proposera toute la journée ses activités maison : karaoké, pêche japonaise, doublage, quizz… Un concours de danse est même organisé en partenariat avec Hidden Power, qui mettra à l’honneur la vague asiatique du moment : la KPOP.
« Vu le succès de nos activités l’année dernière, l’organisateur nous a demandé de faire plus grand cette année », explique Varouny, alias Nyny. « On était neuf bénévoles à la dernière M.I.A. Cette fois, je m’occupe de 24 personnes. En mai et juin, on a débriefé la quatrième édition. Et depuis novembre, on travaille sur la M.I.A 5. Il y a un planning très organisé pour que tout soit prêt : si on en sort trop, on sait que ça posera des problèmes. »
Créée en 2009, Belgotaku est une communauté de fans de culture japonaise, rassemblée autour d’un forum. C’est aussi un vivier de talents qui ne cherchent qu’à s’exprimer. Artistes, développeurs, infographistes, graffeurs : tous mettent leurs ressources à profit pour maintenir le site, inventer les jeux ou créer des t-shirts. « Les activités, c’est d’abord un brainstorming », explique Varouny, « l’imagination de plusieurs personnes qui se rencontre. Nos membres sont créatifs et avec Belgotaku ils ont l’occasion de faire de belles choses de leurs mains. »
Tous bénévoles, les membres les plus actifs ne comptent pas leurs heures. « C’est presque un deuxième boulot le soir » admet Jonathan, webmaster et co-organisateur des activités. « C’est beaucoup de don de soi « , renchérit Varouny. En joignant leurs efforts, ces passionnés ont pu mettre sur pieds des évènements comme la visite des locaux d’un éditeur de mangas. Des rencontres et du fun qui récompensent de longues heures de travail et de persévérance.
Par les fans, pour tout le monde
Certains exposants choisissent de faire découvrir au public des choses moins connues. C’est le cas de Novels Expansion qui présente les visual novel, des romans interactifs surtout connus des plus spécialistes. Ce genre unique et confidentiel brise les frontières et propose des heures de lecture accompagnées de musique et d’images. « Au début, les gens qui viennent nous voir sont un peu perdus. Ils se demandent si c’est un roman ou un jeu vidéo », explique Klashikari, 26 ans, responsable du stand. « On leur montre les avantages qu’offre ce format ».
Encore confidentiels, les visual novel sortent rarement dans le commerce en Europe. Ils sont généralement traduits par les fans. Klashikari fait lui-même partie d’une équipe de passionnés. Environ 4 mois sont nécessaires pour traduire un épisode du japonais à l’anglais. Les fans n’y gagnent rien, à part le plaisir de faire découvrir une oeuvre à un plus grand nombre. C’est la même chose pour le stand : « On ne vend rien, car les visual novel ne sortent presque pas en français » explique Klashikari. « On partage notre passion avec le public, qui est bien plus nombreux à venir nous voir qu’on ne l’imaginait ».
Les fondateurs du site Touhou Online se sont aussi lancés dans la traduction. Sur leur stand, ils présenteront leur version française d’une dizaine de titres issus de cette série de jeux amateurs japonais. Commencé en 2012, ce travail vise à faire découvrir cet univers à un plus large public. « Touhou est une série de jeux de tir confidentielle autour de laquelle s’est ensuite développé un énorme univers » explique Xavier, 19 ans, co-fondateur du site. « Au Japon, il y a une convention rien que pour les productions de fans autour de la série. En Belgique, c’est encore peu connu, mais du coup les fans viennent parfois en convention juste pour nous. » En plus du stand, Xavier et son collègue Florian présenteront une conférence lors du salon. La première avait rassemblé 300 personnes l’année dernière au salon Mang’Azur, dans le sud de la France.
Chez Arcade Belgium, toute une logistique se met en place à chaque évènement. Sophie et Xavier, fondateurs du site, possèdent de nombreuses bornes de jeux qu’ils amèneront au salon ce week-end. Leurs amis donnent un coup de main pour les transporter de Namur à Bruxelles. « J’ai dû prendre un jour de congé pour qu’on charge tout ça dans la camionnette d’un ami. Ils viendront à quatre ou cinq, et on sortira les cordes et les planches pour faire passer tout ça par les escaliers ! » Pour ces passionnés de longue date, l’arcade est un hobby gourmant en place mais aussi en argent : certaines bornes coûtent parfois plusieurs milliers d’euros. Malgré tout, le public des salons est souvent conquis. « Les plus jeunes n’ont jamais eu l’occasion de jouer sur ces bornes », explique Xavier. « Même les autres exposants viennent faire une petite partie de temps à autre. »
L’imaginaire s’invite en cosplay
Enfin, qui dit convention, dit bien sûr « cosplay ». Comme chaque année, de nombreux visiteurs viendront habillés comme leur personnage favori. Si certains achètent leurs costumes, d’autres les fabriquent de A à Z, comme Kaf de Belgotaku. « Se déguiser, c’est l’ultime hommage aux personnages d’une série « , lance-t-elle. Et c’est aussi un savoir-faire.« J’ai appris à coudre avec le cosplay, et à savoir utiliser toutes sortes de matériaux, notamment pour créer les accessoires ». Pour Elodie, cosplayeuse depuis quelques mois, ce hobby est une forme d’évasion. « J’adore le théâtre et le jeu d’acteur, donc le cosplay me permet d’incarner un personnage que j’adore tout en sortant de la routine, en portant des costumes originaux ».
Cette année, Elodie participera au concours organisé par l’association française Bulle Japon. Elle devra livrer une courte performance sur scène liée à son personnage. Catherine fera partie du jury. En octobre dernier, la « championne de Belgique » est partie défendre les cosplayeurs belges à Londres. Une consécration pour cette cosplayeuse aguerrie aux placards bourrés de costumes. « Si j’en suis arrivé là, c’est que j’ai beaucoup bossé et beaucoup investi, beaucoup dépensé aussi. Et comme ça ne rapporte rien, je vais me nourrir de bonbons le reste du mois ! » Malgré tout, la compétition n’est pas très importante pour elle. « Ca fait plaisir de gagner, mais il faut avant tout se faire plaisir et s’amuser. Malheureusement, les gros concours créent parfois des jalousies. A mon avis, il ne faut pas trop se prendre la tête. »
A faire : s’amuser
Les organisateurs de Made in Asia ont déjà un oeil vers 2014. Les dates sont bloquées, et le lieu réservé. Plus tard, le salon pourrait déménager s’il continue à grandir. Les fans aussi ont leurs projets : passer en ASBL, faire plus d’évènements, créer d’autres costumes. En attendant, tous donnent rendez-vous au public ce week-end, avec un seul objectif : s’amuser entre fans.
Lucas Godignon (stagiaire)
Made in Asia, à Brussels Expo, Place de Belgique
Soirée d’ouverture gratuite vendredi 8 mars à 19h
Samedi : de 10h à 20h
Dimanche : de 10h à 18h
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