Delphine Deloget (« Rien à perdre »): « Réaliser un premier film, c’est un peu faire rentrer un rond dans un carré »
“Réaliser un premier film, c’est un peu faire rentrer un rond dans un carré. On y va au marteau, parfois.” Armée d’une maîtrise d’Histoire et d’un DESS de réalisation documentaire, la Bretonne Delphine Deloget signe des films documentaires depuis 20 ans.
Elle écrit également dans la presse des papiers sur le thème sensible du trafic d’êtres humains. En 2015, elle remporte le prestigieux prix Albert-Londres dans la catégorie “audiovisuel”. Mais jamais encore elle ne s’était frottée à un long métrage de fiction, perspective qui la titille pourtant depuis un moment. Après un passage par un atelier scénario de la Fémis et une paire de courts métrages, c’est désormais chose faite.
Fibre sociale
Sélectionné à Cannes, dans la section Un Certain Regard, Rien à perdre (notre critique ici) met en scène une mère (Virginie Efira) dépossédée de l’un de ses enfants après un accident domestique, et qui croit être plus forte que la très kafkaïenne machine administrative et judiciaire… “Je viens d’un mode de fabrication très artisanal. Et, petit à petit, la fiction est arrivée chez moi par l’écriture. Pas du tout par frustration, donc, mais par la création. Avec Rien à perdre, j’avais envie de quelque chose de vivant. Je voulais amener de la fiction dans mon travail, mais j’avais aussi envie d’amener du documentaire dans la fiction. Et je voulais vraiment que les deux se fracassent à certains endroits. Parfois, la fiction l’emportait. Mais à d’autres moments, c’est le documentaire qui prenait le dessus. C’est une dynamique assez passionnante à mettre en place.”
En résulte un film à la fibre sociale mais qui revendique aussi crânement son désir d’évasion et l’appel d’un cinéma résolument plus grand que la vie. “Rien à perdre est un film social, oui, et ce n’est pas non plus un gros mot. Mais j’avais besoin qu’il reflète aussi mon parcours et que ses personnages soient en quelque sorte sauvés par le cinéma. C’est pour ça que la fin du film penche du côté de la fiction pure et d’un cinéma indépendant américain que j’adore.” À quand la suite?
Delphine Deloget
ACTIVITÉ Réalisatrice
ÂGE 48 ans
PAYS France
ACTU Sortie le 22/11 de son premier long métrage de fiction, Rien à perdre, avec Virginie Efira
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici