An l’engageant comme directeur de la photographie des Barons, Nabil Ben Yadir a fait le choix idéal. Dany Elsen est aujourd’hui l’un des tout meilleurs chefs opérateurs belges. Son travail pour Eric Van Looy ( De Zaak Alzheimer, Loft) et Rudolf Mestdagh ( Electra) a consacré sa réputation internationale, mais ce n’est que la deuxième fois que celui qui habite à Bruxelles tourne un film dans cette ville…  » La chose essentielle, explique-t-il, était que le projet de Nabil est un projet personnel, mélange de fiction et de réalité, avec un point de vue spécifique, un regard sur la ville qui est original et plein de vécu.  » Le réalisateur et son directeur photo ne voulaient pas d’un style reportage, ni du noir et blanc, même si La Haine de Mathieu Kassovitz fut la première référence de départ.

 » J’étais voici peu en Macédoine, à un festival où les plus grands chefs op’ étaient présents, raconte Elsen, et nous nous sommes faits la réflexion qu’il y avait de plus en plus de films tournés caméra à l’épaule, comme Slumdog Millionaire . Je n’aime pas du tout cette vogue ni cette façon de filmer. Parce qu’on ne regarde pas comme ça. Dans la vie, on s’arrête de bouger pour regarder. Il n’y a qu’une scène tournée à l’épaule dans Les Barons, vers la fin, une scène violente, où il y avait une justification à faire bouger le cadre… »

 » Je vis depuis 20 ans à Bruxelles et cette ville me nourrit d’une énergie incroyable, poursuit le chef opérateur flamand, et en même temps, je ne la comprends toujours pas, je la découvre encore, au fil de ma découverte des différents quartiers. Avec Nabil, on a établi une palette de couleurs, fait des repérages, et sommes tombés d’accord sur un style. Pour les scènes de nuit, j’ai voulu aller vers une atmosphère proche des peintures de Paul Delvaux. Pour la séquence dans le métro, j’ai éclairé le fond, le mur, mais pas les personnages. J’avais en tête l’exemple de ce qu’avait fait Darius Khondji dans Panic Room , placer des lumières dans le fond et laisser les personnages sous-exposés. Pour les séquences du quartier, à Molenbeek, je me suis imprégné de la réalité, j’ai observé la trajectoire du soleil entre les pâtés de maison, pour assurer une précision maximale à l’image. La collaboration avec Nabil, et aussi avec le chef décorateur Momo, a été essentielle. Après, c’est… à Forest qu’on a tourné les scènes autour du magasin que tient Jan Decleir, et pas à Molenbeek, parce que Nabil aurait dû engager tout le monde dans le film (rire)! Mais nous savions quoi chercher, pour avoir bien observé. Les Barons parle d’une réalité, mais avec les moyens du cinéma, le scope, la couleur, de claires options de style… »

L.D.

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