Critique | Séries

Daisy Jones & The Six: la série qui s’inspire de Fleetwood Mac

3,5 / 5
© Lacey Terrell/Prime Video
3,5 / 5

Titre - Daisy Jones & the Six

Genre - Comédie dramatique

Réalisateur-trice - Scott Neustadter et Michael H. Weber

Quand et où - Disponible sur Prime Video

Année - 2023

Casting - Riley Keough, Sam Claflin, Camilla Morrone

Nicolas Bogaerts Journaliste

Daisy Jones & the Six imagine l’ascension et la chute fulgurantes d’un groupe jeté au cœur de l’âge d’or rock. Émoustillant et un brin naïf.

Comment monter un groupe, écrire un tube, tomber amoureux de son/sa partenaire, endurer les tournées, honorer les exaltations nées dans le sillage des légendaires années 1970? Que se passe-t-il quand les tensions lézardent l’édifice et deviennent la griffe d’une formation qui, bientôt, part à la renverse? Inspirée par le destin de Fleetwood Mac et de son album emblématique Rumours (1977), la jeune écrivaine Taylor Jenkins Reid avait imaginé celui de Daisy Jones & the Six dans un roman éponyme, best- seller en 2019. Adaptée par deux scénaristes de comédie romantique relativement peu connus, Scott Neustadter et Michael H. Weber, produite par Reese Witherspoon, la série documente avec une naïveté plutôt touchante la fulgurante mise en orbite d’un groupe alors un peu bancal de Pittsburgh, déclenchée par la rencontre décisive avec une chanteuse et compositrice qui catalysera toutes leurs passions et leurs rêves.

Du bout des lèvres

La série parvient à capter l’essence de cette comète rock dont les cheveux traînent encore un peu dans le mythe des années 60 et qui va se frotter au cynisme et au business model de la décennie suivante. Musicalement, il est par contre difficile d’imaginer comment les bluettes charmantes de Daisy et ses p’tits copains puissent supporter la comparaison avec celles de Stevie Nicks et Lindsey Buckingham. Phoebe Bridges peut avoir apporté tout son talent -manifeste- à leur élaboration, le résultat est bien trop proche des sonorités actuelles pour donner ne fût-ce qu’un goût de l’époque. Mais le socle de Daisy Jones & the Six s’érige davantage sur la présence de Riley Keough, formidable d’aplomb dans le rôle d’une chanteuse sidérale et habitée. La relation lunaire avec son alter ego Billy Dunne (Sam Claflin), qui phagocyte le couple de ce dernier avec Camilla (Camilla Morrone), traversée de douceur, de fureur, de complicités appuyées et de chaos, fonctionne bien à l’écran. De même que l’énergie féconde et fébrile dès les premiers concerts tenus dans des stades géants, désormais standard incontournable et bien trop onéreux du music business.

Beaucoup moins racoleur et ramenard que Vinyl, Daisy Jones & the Six, n’a pas, d’un autre côté, la même voracité que déployait, par exemple, I’m Dying up Here dans sa description d’une scène qui éclot et explose en plein vol au même moment, celle du stand-up durant les mêmes années 70. Mais elle tutoie du bout des lèvres l’engouement fragile, tâtonnant, débordant d’illusion et d’enthousiasme d’un avènement bientôt fauché par le cynisme. Elle questionne aussi la place des femmes dans la création, leur soif de reconnaissance jamais satisfaite par un système qui les réifie pour mieux glorifier les mecs.

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