The Ghost Writer

Roman Polanski livre un brillant suspense dans lequel tant Ewan McGregor que Pierce Brosnan sont au sommet de leur art.

Roman Polanski s’est trouvé un très bon sujet pour ce thriller ironique, politique et prenant. Un jeune et brillant journaliste s’y voit faire une proposition d’un genre assez particulier: reprendre et terminer l’écriture de l’autobiographie d’un ex-Premier ministre britannique, dont le « nègre » vient de mourir noyé en mer dans des circonstances assez troubles. Mais placé devant la perspective de toucher une somme astronomique pour son travail, le jeune homme accepte. Et il se voit illico mis dans un avion à destination des Etats-Unis. C’est là, en effet, sur une île de la côte Est, que réside désormais Adam Lang, le politicien dont il doit recueillir les confidences pour les coucher sur papier dans un bref délai. La suite réservera au jeune héros plus d’une surprise… et pas toutes agréables!

Polanski, très en forme, joue habilement sur le registre du thriller à suspense, et y ajoute l’ironie et des allusions politiques (à l’Irak, à la CIA, à Tony Blair). Le cinéaste d’origine polonaise oeuvre certes désormais dans le cadre commercialement balisé du cinéma grand public, loin des fulgurances de ses premiers sommets (Le couteau dans l’eau, Répulsion, Cul-de-sac) et même des somptueux et ambitieux Rosemary’s Baby et Chinatown. Mais son talent de conteur, son sens de l’intrigue et son goût pour les situations propre à engendrer la paranoïa se retrouvent dans un Ghost Writer qui captive, amuse et fait vibrer. Ewan McGregor et Pierce Brosnan formant un très bon duo d’interprètes, au plaisir communicatif. L’ex-révélation de Trainspotting a fait bien du chemin, passant notamment par la saga de La guerre des étoiles, Moulin Rouge! et Woody Allen (Le rêve de Cassandre). Mais il conserve toujours, à 41 ans, cette allure extrêmement juvénile qui fait beaucoup pour son charme. L’ex-James Bond (de 1995 à 2002) Brosnan trouvant dans le rôle d’Adam Lang l’occasion d’une composition assez jouissive, lui qui n’est que trop rarement sollicité pour des films « à contenu »…