À la télé ce soir: Valse avec Bachir

Valse avec Bachir est un des films autobiographiques les plus singuliers jamais réalisés. Tout comme sa collègue franco-iranienne Marjane Satrapi dans le déjà très marquant Persepolis, le cinéaste israélien Ari Folman a choisi la forme du film d’animation pour évoquer des souvenirs personnels sur fond d’histoire collective.

Ari Folman a voulu faire de cette oeuvre fulgurante un « trip » intense et halluciné, nous emmenant dans l’univers intérieur d’un ex-soldat israélien qui voit revenir en force la mémoire de son expérience d’une guerre au Liban. Tout commence par un rendez-vous dans un bar avec un ami qui lui raconte ses rêves récurrents, des cauchemars hantés par une meute de chiens, rappelant ceux qu’il avait tués durant le conflit.

Ces confidences déclenchent chez l’auteur l’émergence d’images enfouies dans son inconscient et qui le ramènent à cette période de combats, dans les années 80. Le film illustrera cette (en)quête intime qui creuse également la mémoire nationale, avec tout au fond du puits aux souvenirs des massacres vengeurs commis par des miliciens phalangistes libanais, sans que les troupes israéliennes ne se résolvent à intervenir…

L’artiste se met lui-même en scène, et libère dans des images inédites un imaginaire puissant, poétique et sauvage. Valse avec Bachir a fait sensation au Festival de Cannes. Il a aussi confirmé une tendance nouvelle du cinéma d’animation.

Ce dernier s’est décidément libéré de sa vocation principale de spectacle familial, souriant et drôle. Loin de Disney et de Pixar, des cinéastes l’abordent avec des sujets graves et même parfois choquants. Après le déjà formidable Persepolis, Waltz With Bashir repousse encore plus loin les limites du medium, en mêlant dessin animé et images documentaires avec un effet remarquablement percutant.