Pukkelpop J1: so good to see you!
The Computers tuent la musique, Django Django fait un carton, Bloc Party un flop, tUnE-yArDs subjugue et Mark Lanegan sauve l’honneur.
La première journée du Pukkelpop commence en force pour nous: si The Computers nous affligeait une claque monumentale au dernier festival de Dour, sous une pluie assommante, le combo blues-punk du sud-ouest de l’Angleterre allait remettre ça à une heure résolument matinale. « Hé toi là-bas! Je te vois bailler! Comment ose-tu? La prochaine chanson est dédicacée à tout le monde sauf lui…« , balance le chanteur criard entre deux morceaux. N’empêche, on voit difficilement meilleure entrée en matière pour entamer l’édition 2012 du festival en forme d’exutoire des événements tragiques de l’an passé. L’ambiance est survoltée de la première à la dernière minute du set: tout de blanc vêtus, les cinq gars envoient sérieusement la purée comme il est (trop) rare de le voir aujourd’hui. Plongeon dans la foule, séparation de celle-ci en deux pour un Braveheart d’anthologie, reprise galvanisée du Train in Vain des Clash… Music Is Dead, qu’ils chantent. Peut-être, mais pas pendant la petite heure de set qu’ils ont livrée.
Après s’être éclipsés du festival pour de funestes événements sur lesquels nous ne nous étendrons pas ici (repose en paix, Watch), nous sommes de retour au Pukkelpop pour le set de Django Django. Parfait pour se remettre d’aplomb. Leur surf music bricolo teintée d’électro avait fait mouche à la Rotonde lors des dernières Nuits Botanique, et force est de constater que les Ecossais savent toujours y faire pour mettre l’ambiance. Le chapiteau du Club est bourré à craquer et ça danse, transpire et crie à la moindre occasion. Mention spéciale à la version longue de l’énorme Waveforms, transformée pour l’occasion en tube tribal. Petit bémol cependant, le single Default a toujours du mal à passer l’épreuve du live. Normal, sans doute, quand on construit le refrain d’une chanson sur sa production, presque impossible à reproduire en conditions de festival. Mais on termine en beauté sur l’arabisant Skies Over Cairo et le très Dick Dale Life’s a Beach. « C’est déjà le dernier morceau. Eh ouais, on n’a qu’un album… Mais on est déjà impatients de revenir en Belgique! » C’est quand vous voulez, les gars.
Sur la fin du concert, alors que Bloc Party commence sur la Main Stage située face au Club, leur son couvre rapidement la prestation des Ecossais. Mauvais point: en ayant supprimé la protection sonore naturelle que formait l’allée d’immenses arbres entre les deux scènes, le milieu de la plaine est réellement insupportable quand deux concerts ont le malheur de se chevaucher. Et ce n’est pas beaucoup mieux quand on se rapproche de Bloc Party pour mieux juger de ce que les auteurs du génial Banquet sont devenus. En plus des nouveaux morceaux plus que moyens (ou en tout cas pas à notre goût), ça ne joue pas en place et ça chante faux. Bref, très peu pour nous: on s’enfuit voir la fin du gig de Creature with the Atom Brain. Efficace, barré et ô combien musclé, le combo emmené par l’ex-Millionaire Aldo Struyf manque néanmoins de grandes chansons. Nettement plus agréable toutefois que la bande à Kele Okereke…
On s’étendra par ailleurs sur les prestations de Björk (extravagant mais intello et fondamentalement chiant) et de Feist (magique et envoûtant), notre journée se terminera en beauté par le concert de l’ovni tUnE-yArDs. On avait longuement hésité à s’arrêter sur le sexe de Merrill Garbus avant d’avoir mis un visage sur la voix de l’Américaine. Et si l’androgyne (de corps et de voix) n’a pas exactement le physique flatteur, son aura sur scène efface immédiatement toute forme d’a priori qui pourrait subsister. A l’aide de son ukulele baryton, d’une pédale looper, d’un bassiste au groove prononcé et de deux saxophonistes pour compléter le tout, la dame subjugue en un instant le reste de foule « indie » qui a résisté à la drum’n’bass de Netsky. Les influences afro-beat subliment son lot de chansons électro-folk-punk et une transe collective s’installe rapidement… Gangsta, Es-So ou encore Bizness groovent avec classe, noyées dans des napes de choeurs utilisées comme des instruments à part entière. Splendide.
Bref détour par la Marquee sur le chemin du retour, où l’on croise Mark Lanegan qui confirme qu’on l’aimait mieux avant: abandonner son rock 70’s sous tension pour une soupe sous-Simple Minds (la deuxième moitié de son Blues Funeral, globalement), ce n’était peut-être pas la meilleure des idées. Heureusement, le rockeur à la voix rocailleuse cousine de celle de Tom Waits termine sur le magistral Methamphetamine Blues. L’honneur est sauf.
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