Critique

Simone de Beauvoir, une femme actuelle

La philosophe française, fer de lance d’un féminisme de combat et de réflexion, voit son formidable destin croqué dans ce documentaire.

SIMONE DE BEAUVOIR, UNE FEMME ACTUELLE, DOCUMENTAIRE DE DOMINIQUE GROS. ***
Ce mercredi 14 mars à 22h25 sur Arte.

Il y a des gens, comme ça, qui vous renvoient à la médiocrité de votre propre existence. Par leurs visions, par leurs combats. Simone de Beauvoir est de ceux-là. De ceux qui sont tellement en avance sur leur temps que celui-ci s’en trouve irrémédiablement accéléré. Constitué d’archives ainsi que de témoignages de proches et de spécialistes de son oeuvre, ce documentaire s’avère un peu trop classique pour le personnage qu’il dépeint, défenseur de théories existentialistes à la marge.

Quand elle était petite, le père de Castor (comme on la surnommait, référence à « beaver », en anglais) lui répétait qu’elle avait « un cerveau d’homme ». Drôle de compliment pour celle qui deviendra une figure marquante d’un féminisme ne niant pas les différences entre les sexes. Une pensée (« On ne naît pas femme, on le devient ») qui reste d’une stupéfiante modernité. Et ne caresse personne dans le sens du poil, en soulignant notamment la complicité des femmes dans leur manque personnel de liberté. La liberté: la valeur cardinale.

Simone de Beauvoir vivait avec Jean-Paul Sartre un amour aussi absolu qu’étranger aux canons en vigueur (encore aujourd’hui), qu’on appellerait maintenant LAT (living apart together), ne partageant rien du ménage et ne se ménageant que des entrevues choisies. Une relation libre, Simone aura des amants et des maîtresses, Jean-Paul sera lui aussi autorisé à ouvrir les fenêtres. Mais à la mort de ce dernier, elle faillit ne pas lui survivre. La vie lui était devenue insupportable.

Formidable destin que celui qui nous est conté ce soir.

Myriam Leroy

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