Critique

REC

Jaume Balaguero et Paco Plaza font très fort dans ce film d’épouvante aussi inventif que terrifiant. On se fait peur. Délicieusement.

L’histoire des rapports entre l’art et la mort, la création et la souffrance, est bien ancienne en Espagne, où tout un pan de la peinture et de la sculpture religieuses, dit « doloriste », n’a jamais, et depuis longtemps, cessé d’exprimer des visions effrayantes et sanglantes. Le grand peintre Goya dessina pour sa part, sur un mode laïc mais avec plus de force encore, des illustrations féroces des cruautés de la guerre. Au pays de la corrida et des souvenirs terribles de la guerre civile, le cinéma ne pouvait pas ignorer la veine du frisson et de l’horreur. La dernière preuve en date venant du tandem formé par Jaume Balaguero et Paco Plaza. Les auteurs de Rec ont tout simplement cosigné le plus efficace et le plus secouant des films récents produits dans le genre horrifique!

Tout commence par une nuit comme tant d’autres, apparemment du moins. Dans une caserne de pompier, une équipe de télévision tourne un reportage. La jeune et fort charmante journaliste, prénommée Angela, espère qu’il se passera « quelque chose » qui puisse un peu « corser » son travail. Après une assez longue attente, les pompiers se voient appelés en urgence vers une haute maison à appartements où une vieille dame serait enfermée. Angela et sa petite équipe accompagnent les secours pour une intervention qui s’annonce assez banale… mais qui ne le sera pas. Une fois sur place, en effet, les événements vont se précipiter, et emporter l’héroïne, les techniciens, les pompiers et le spectateur vers des abîmes de terreur. L’artifice du faux documentaire, mis à toutes les sauces (plus ou moins goûteuses) depuis C’est arrivé près de chez vous, est utilisé avec brio par Balaguero et Plaza, dans un film qui tire son titre des 3 lettres signalant la fonction « enregistrement » sur un caméscope. Le cameraman d’Angela filme en effet tout ou presque ce qui se produit dans la maison maudite. Du moins tant qu’il reste en vie pour le faire… Renouvelant le genre du film de contagion et de morts-vivants, Rec ménage un fort suspense et multiplie les coups de théâtre, faisant naître une angoisse réaliste et une terreur sans fin avec une efficacité extrême. L’effet est saisissant, même dans le confort d’un salon qu’on penserait pourtant plus « sûr » pour le spectateur qu’une salle de cinéma plongée dans le noir!

Louis Danvers

REC, FILM D’HORREUR DE JAUME BALAGUERO, PACO PLAZA. AVEC MANUELA VELASCO, FERRAN TERRAZZA, JORGE YAMAM. ****

Ce mercredi 14 septembre à 22h40 sur Arte.

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