My Blueberry Nights

Avec un Jude Law plus convaincant que jamais et une Norah Jones qui digère à merveille son passage devant la caméra, le virtuose Wong Kar-Wai signe un superbe road-movie américain.

Wong Kar-Wai figure sans aucun conteste parmi les meilleurs cinéastes de son temps. Le succès d’In The Mood For Love a fait connaître d’un large public ce réalisateur que les cinéphiles du monde entier connaissaient déjà pour ses oeuvres de jeunesse (As Tears Go By, Les Cendres du temps, Chungking Express, Les Anges déchus) mêlant volontiers aux influences de film « noir » et de Nouvelle Vague des éléments sensuels et un brio formel des plus originaux. Pour My Blueberry Nights, Wong a quitté Hong Kong pour les Etats-Unis, où il a tourné ce road movie plastiquement somptueux et humainement attachant. Il a choisi la chanteuse Norah Jones pour incarner Elizabeth, une jeune femme marquée par une rupture sentimentale et qui s’engage dans un périple à travers l’Amérique pour tenter de se ressourcer. Elizabeth ne veut pas se fixer. Elle change d’endroit comme de travail, faisant en cours de route quelques mémorables rencontres… La très belle distribution du film comprend notamment un Jude Law plus séduisant -et touchant- que jamais, une Natalie Portman qu’on est heureux de retrouver à pareille fête, et la toujours intéressante Rachel Weisz. Norah Jones affichant devant la caméra une belle présence, et ce qu’il faut de mystère pour inspirer Wong Kar-Wai. Certains diront que ce dernier s’égare un peu dans cet itinéraire américain dépourvu de vraie substance. On leur répondra que chez lui, la surface est substance, l’esthétique fait sens, le style est le propos. Et qu’il sait cadrer la quête existentielle, la quête amoureuse, avec une élégance sans pareil. Le tout en dégageant une musicalité de chaque instant qui se savoure pleinement. Un Wong Kar-Wai mineur? Assurément! Mais qui reste un spectacle délectable à qui sait regarder pour ressentir.

Louis Danvers