Modus operandi, la déportation des juifs de Belgique

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Certains chiffres donnent froid dans le dos et font resurgir une indicible horreur. Entre 1942 et 1944, 24 916 juifs (hommes, femmes et enfants) furent déportés de Belgique vers le camp d’Auschwitz. Seuls 1206 en sont revenus…

Documentaire D’HUGUES LANNEAU.

Ce lundi 10 mai à 21.50 sur LA UNE.

Le sujet méritait une étude que menèrent d’abord, même si tardivement, les historiens. Le cinéma ne pouvait être en reste. Initié par Willy Perelsztejn, qui en est aussi le producteur, et réalisé par Hugues Lanneau, Modus operandi fait beaucoup mieux que venir combler un manque.

Ce documentaire de très grande qualité s’érige en exemple de travail nécessaire, indispensable même, sur une mémoire de plus en plus menacée à mesure que les témoins s’éteignent et que l’antisémitisme le plus haineux regagne du terrain chez nous. Ses auteurs ont rempli leur double objectif d’être « délibérément pédagogiques » et d’offrir « une fiabilité rigoureuse sur le plan scientifique ».

EMOTION

S’appuyant sur le travail d’historiens et de journalistes (dont José Gotovitch, Jean-Philippe Schreiber, Luis Angel Bernardo y Garcia et Jean-Jacques Jespers), Lanneau et Perelsztejn ont réuni une abondance de faits qu’ils nous présentent, à raison, dans leur terrifiante chronologie. Identification de la population juive, exclusion de la vie économique et sociale, port obligé de l’étoile jaune, convocations pour « mise au travail », rafles et arrestations, déportations et extermination se succèdent ainsi. Sans oublier le sauvetage de certains (trop peu nombreux) et l’attitude inégale d’autorités belges dont certaines prêtèrent à l’occupant nazi un concours parfois bien empressé…

Pour séparer les chapitres du film, des cartons scandent la liste des 26 convois partis vers Auschwitz, avec chaque fois la date, le nombre de déportés et celui des rares survivants. Des faits, des chiffres, naît une émotion d’autant plus profonde que jamais Modus operandi ne cherche à la manipuler par l’appel direct aux sentiments du spectateur.

Louis Danvers

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