Mes deux seins, journal d’une guérison

© RTBF

Atteinte d’un cancer du sein, la cinéaste Marie Mandy décide de filmer le processus qui la mènera à la guérison. Beau, triste et galvanisant.

« Je suis malade, c’est vrai, mais je suis avant tout cinéaste. » Marie Mandy apprend en 2007 qu’elle est atteinte d’un cancer du sein. Elle décide très vite de parler de sa maladie, pour « rester dans le monde des vivants ». Elle écrit un journal, qui relate pas à pas l’évolution de son état. Et décide de réaliser un film autour du mal qui la ronge. Un ami caméraman la suivra donc pendant de longs mois, de doutes en déceptions, de rencontres en opérations. Elle enchâssera sur les images une narration en « je », portée par sa voix douce un peu fissurée.

L’une des premières scènes de son film, celle de la biopsie, la montre torse nu sur la table d’examen, tandis qu’on lui fore dans la poitrine. Une séquence crue mais sobre, à l’image d’un film qui plonge extrêmement profond dans l’intimité de sa génitrice, sans qu’on y ressente le malaise de s’incruster là où on n’est pas invité. D’abord parce que c’est Marie Mandy elle-même qui a décidé de se mettre à nu, de raconter son épopée contre la maladie: personne ne l’y a contrainte. Et puis parce qu’elle propose une réalité sans fard, mais pas sans poésie.

Mes deux seins est effectivement un documentaire (qui aura bientôt droit à une version web) d’une grande créativité, d’une beauté formelle stupéfiante, bercé par une musique qui cherche à souligner le propos plutôt qu’à tirer des larmes, habillé d’images oniriques, ponctué de respirations permettant au spectateur de s’arrêter un instant et de réfléchir au sens de ce qui vient d’être dit ou montré. Et du sens, il y en a beaucoup. Dans le sein, déjà. Ce qu’il représente, ce que signifie son absence… Dans le cancer, également, dysfonctionnement encore obscur du corps humain, vécu parfois comme une punition.

Plus jamais pareil

Une scène magnifique montre Marie Mandy qui s’enfonce dans la mer et marche vers l’horizon. Métaphore d’abandon et de mort… La documentariste écrira même son testament avant la première intervention destinée à lui retirer la tumeur qu’elle porte en elle.

Elle est toujours en vie. Elle a même guéri. Mais rien ne sera plus jamais pareil.

Road trip initiatique, récit de lutte, démonstration de l’inépuisabilité des ressources de l’être humain, Mes deux seins secoue, émeut. Et laisse au téléspectateur une sensation incroyable: celle d’être vivant, même s’il ne le sent pas toujours. C’est beau, c’est triste, c’est galvanisant… C’est un petit chef-d’oeuvre.

Mes deux seins, Journal d’une guérison, 22.00 sur La Une.

Documentaire de Marie Mandy.

Myriam Leroy

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