La télévision en 3D n’est pas si lointaine

© Reuters

Le relief à domicile n’est plus du domaine de la science-fiction. Les premiers écrans sont là et les opérateurs préparent leurs offres. Avec en primeur, du sport et du sexe.

Imaginez… Le feu crépite dans l’âtre et la famille au complet est rassemblée devant un bon gros film qui fait boum-boum et pan-pan. Face à elle, l’écran est immense, plus de 1 mètre de diagonale. Des lunettes de mouche lui mangent le visage. Et la télé lui lance des projectiles (« Attention, à gauche! », dis papa à maman en la protégeant de son avant-bras), la frôle, la bouscule, la pousse dans de vertigineux précipices.

Farfelue, comme vision? Absolument pas, si l’on en croit la « 3D-HD Alliance », groupe ouvert d’acteurs de la télé (Numericable, Panasonic, Cisco, Alfacam, nWave et la RTBF) qui souhaitent promouvoir et encourager le développement de l’audiovisuel de demain, celui en trois dimensions et en haute définition. Et quand il dit demain, le « club » exagère à peine. Pascal Dormal, directeur général de l’opérateur Numericable, prédit ceci: « Si tout au long de 2010 on verra se déployer les premiers écrans Blu-ray et événements (…) 3D, 2011 sera l’année de l’adoption de cette technologie au-delà des technophiles, et 2012, celle de la généralisation. »

Sport et sexe

Pour donner corps à ce rêve en haute définition, il faut d’abord que la télé ait des produits 3D à se mettre sous la dent. Voo, qui propose depuis quelques jours quatre programmes en trois dimensions, a brûlé la politesse à Numericable, qui prépare son lancement pour l’automne. Les autres opérateurs suivront.

Particularité des débuts de la 3D chez nous: ils se font sur le mode VOD, à la demande donc. Thierry Destexhe, managing director de Panasonic Belgium (dont la société mère a travaillé sur le film Avatar qui a popularisé la technologie) confirme que le relief n’a pas pour vocation d’être permanent: « La 3D, à la télévision comme au cinéma, ce n’est pas pour y passer 8 heures! » Mais 2 ou 3, plic-ploc, une fois de temps en temps.

Parce que mine de rien, un casque de Star Trek sur la figure, c’est lourd et ça limite les interactions sociales sur le canapé. Et puis ça peut fatiguer, cette débauche d’effets visuels. Il s’agira donc de dénicher dans le coffre à jouets, qui s’étoffera avec le temps, les divertissements qui valent vraiment la peine d’être vus en 3D. Etonnant: si le sport risque bien d’être un créneau porteur, le foot n’en sera pas sa tête de gondole. La faute à l’ampleur du terrain et à la manière classique de filmer le ballon rond, loin des joueurs, qui ne sont pas des plus télégéniques avec cette nouvelle technologie.

Un business qui risque bien de trouver un nouveau souffle, en revanche, c’est l’industrie du porno. Bousculée par l’envolée des contenus Web (qui va encore se chercher son petit DVD derrière le rideau du vidéoclub du coin, franchement?), elle pourrait avec la 3D renouer avec la professionnalisation des contenus et des supports. Marc Dorcel, le pape du X, a ainsi présenté au dernier Festival de Cannes un aperçu de ce que pourrait être un film de charme en relief. Verdict de la plupart des testeurs: « Elle avait l’air prête à nous sauter sur les genoux ». Un plaisir qui s’annonce d’ores et déjà solitaire… à moins que papa et maman aiment faire ça avec des lunettes.

Myriam Leroy

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