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Cinq séries phares venues du nord
N.C.
Faisant grand cas des embrouilles politiques qui sous-tendent ses intrigues à ramifications multiples, Forbrydelsen (ou The Killing, nom qu’a d’ailleurs repris son remake américain) préfigure au fond sur bien des points la série Borgen, cornaquée dans la foulée par les mêmes producteurs danois. Bien plus que le simple ersatz lynchéen -la délirante étrangeté et l’humour ravageur de Twin Peaks en moins- que ses débuts laissaient craindre, la série emboîte le pas de Sarah Lund, enquêtrice aux légendaires pull-overs à grosse maille et au degré d’implication quasi pathologique. La troisième et ultime saison, aux enjeux politico-économiques inscrits sur fond de crise financière, s’est refermée fin 2012 sur les petits écrans danois, avec un final littéralement renversant à la clé.
Ne pas se fier au générique repoussant de cette intelligente saga danoise arpentant les coulisses du pouvoir. Qu’est-on prêt à sacrifier pour y accéder? Et jusqu’où faut-il aller pour tenter de le conserver? Quarantenaire idéaliste à la tête du Parti centriste, Birgitte Nyborg va devoir trouver ses propres réponses aux questions qui agitent le landerneau politique… Si elle n’est pas toujours à l’abri de la répétition et que ses scénaristes ne font pas l’économie de quelques (grossiers) raccourcis quand il s’agit d’envisager les aléas de la vie politique au quotidien, la série n’en demeure pas moins exemplaire dans sa manière de sonder une réalité qui emporte tout, dans un élan où se floutent les frontières entre sphère publique et privée, intérêts communs et aspirations personnelles.
L’argument est hautement improbable mais pas moins savoureusement singulier: le cadavre d’une femme coupée en deux est déposé sur un pont, à la frontière suédo-danoise, chaque partie du corps se trouvant dans un pays différent. Et un duo d’enquêteurs pour le moins inattendu d’être chargé de l’affaire: Saga, Suédoise psychorigide à cheval sur les principes, et Martin, Danois mal dégrossi aux méthodes peu orthodoxes. Sans jamais renouer avec la formidable intensité crépusculaire de Forbrydelsen, Bron (The Bridge, à l’international) n’en confirme pas moins cette capacité toute scandinave à débiter des enquêtes tendues au climat polaire. Un remake franco-britannique, The Tunnel, façon cadavre sous la Manche, est déjà en cours de production, avec Dominik Moll à la réalisation.
Avec son histoire de mafieux new-yorkais contraint et forcé de s’exiler en Norvège, la série évoque furieusement un improbable spin-off nordique des Sopranos. Et pour cause, le rôle principal étant tenu par l’inénarrable Steven Van Zandt, accessoirement guitariste du E Street Band de Springsteen mais surtout bras droit asthmatique -passé maître dans l’art de l’imitation- de Tony S. dans la série culte de David Chase. Un chouïa caricaturale et grimaçante, mais très sympathique, Lilyhammer résulte en fait d’une collaboration d’un genre inédit entre la chaîne norvégienne NRK et Netflix. Vu le succès en Norvège, une deuxième saison est imminente, ce qui a obligé le Boss à enrôler temporairement Tom Morello (Rage Against The Machine) en lieu et place de Van Zandt sur sa dernière tournée.
Elle débarque simultanément en DVD et sur Arte: Real Humans, l’étonnante série d’anticipation venue de Suède, soulève son lot de questions vertigineuses sur la robotisation galopante de la civilisation occidentale. Et confirme au passage l’excellente santé de la fiction télé scandinave. Retour vers le futur. Lire notre article
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