Critique

À la télé ce mercredi soir: Before We Go

Before We Go © DR
Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

Film sensation, film expérience, Before We Go a tout de l’ovni cinématographique.

Documentaire dans la captation d’une certaine réalité, mais chorégraphié dans le déroulement, l’essai de Jorge Leon, récemment primé à Marseille, ne peut laisser indifférent. Parce qu’il met en scène trois personnes en fin de vie. Poétiquement. Mais brutalement aussi. Impliqué de longue date dans un centre de soins palliatifs, où il donne occasionnellement des ateliers créatifs, Jorge Leon a mis sur pied un projet unique. Trois pensionnaires pour qui la médecine ne peut désormais plus rien s’y rendent au Théâtre de la Monnaie. Pour fureter dans les épatantes coulisses de l’institution, et y rencontrer trois artistes confirmés. Les couples (un artiste, un malade) se forment, naturellement. Chorégraphes, danseurs, comédiens échangent alors, de manière non verbale le plus souvent, avec ces personnes pour qui, forcément, chaque souffle de vie devient un souffle gagné sur une mort imminente. Charnelles, fusionnelles, ces rencontres s’impriment dans l’objectif de Jorge Leon, qui laisse les corps s’exprimer, dans un ballet poétique, intriguant, abstrait. Jouant comme un funambule sur la corde du rêve et de la réalité, le réalisateur nous raccroche au tangible en montrant, parfois sans ménagement, la douleur qui habite les malades. Les corps et les visages, de toute façon, ne mentent pas, la souffrance est là, palpable. Et digne. Mais dans cette succession de scènes bouleversantes, captées sur le vif ou provoquées -notamment, après la mort de l’une des trois personnes, la lecture d’un texte à sa mémoire devant ce chorégraphe, en pleurs-, on retient aussi l’immédiateté de la vie, son côté organique, urgent.

Le résultat, déroutant, est très beau. Même si certaines scènes donnent parfois le sentiment de flirter avec le voyeurisme et mettent mal à l’aise. Décontenançant, à tout le moins. Difficile, cela posé, de ne pas souligner l’intérêt d’une démarche rare, aussi captivante que dérangeante, profondément humaine dans ses racines, parfois dure à soutenir, mais interpellante. Mortellement interpellante.

  • DOCUMENTAIRE DE JORGE LEON.
  • Ce mercredi 27 août à 21h05 sur La Trois.
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