Critique

À la télé ce mercredi soir: Bardot, la méprise

Brigitte Bardot © DR
Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

Bavard. Long. Prise de tête. Incomplet. Instructif aussi. Epatant. Drôle d’essai que celui de David Teboul, qui tente une sorte de portrait ultime et nostalgique de B.B., idole d’un certain cinéma français.

Un portrait en forme de lettre d’amour ou de drague cheap, celle des séducteurs du Lunch Garden qui prétendent percer à jour les secrets les plus enfuis d’une fille, juste parce qu’elle a commandé un moule frites. Un peu ridicule, un peu fascinant.

Seul inédit présenté dans le cadre d’un festival du documentaire qui voit Arte diffuser le meilleur de ses coproductions, Bardot, la méprise, c’est d’abord Bardot sans Bardot, puisque la presque octogénaire n’a pas souhaité participer à ce documentaire biographique. « Je ne vous connais pas… J’ai déjà tout dit… Et puis je n’aime pas votre barbe », lui assène-t-elle, tranchante. Teboul finira, en revanche, par pouvoir filmer la Madrague, le repère tropézien de l’ancienne actrice…

Son documentaire, s’il ploie sous les défauts, ne manque pourtant ni de qualités, ni d’originalité. Construit, forcément, sur une armée d’images d’archives à la fois familiales et purement cinématographiques, le film retrace les blessures d’enfance et les tout premiers pas dans la lumière. En usant d’une technique qui, si elle fatigue assez rapidement, n’en impose pas moins un véritable point de vue. Teboul a la bonne idée de laisser au placard les témoins d’époque et les face caméra pour se concentrer sur son ressenti. Et sur celui de Bardot, qui s’exprime ici via ses propres mots (tirés de son autobiographie) dits par Bulle Ogier. Une sorte de dialogue étrange et vaporeux naît alors entre l’auteur et Bardot, le premier se livrant à l’exégèse de dizaines de films et photos, la seconde les accompagnant de ses propres vérités. Teboul en dit trop, il sur-interprète, nous perd à différentes reprises dans ses élucubrations romantico-fumeuses mais Bardot, elle, nous ramène à chaque fois dans le droit chemin. Elle qui a aimé, tant de fois. Vadim, Trintignant, Frey, Gainsbourg et bien d’autres. Bardot suintait la sensualité et le sexe, à la fois farouche et diablement libérée, passionnée et passionnante, grande actrice à ses heures (Le Mépris de Godart, son Everest), torturée sur les bords. Tellement belle. David Teboul, s’il revient sur l’amour qu’a toujours porté B.B. aux animaux, tire son film sur près de deux heures sans jamais évoquer ce que Bardot est devenue. A savoir l’épouse d’un homme d’extrême-droite, elle-même coupable de propos incitant à la haine raciale. Le mythe reste donc plongé dans le formol, conservé à jamais dans la tête d’un David Teboul mélancolique et amoureux…

  • DOCUMENTAIRE DE DAVID TEBOUL.Ce mercredi 27 novembre à 20h50 sur Arte.

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