À la télé ce jeudi soir: Shoah

Claude Lanzmann choisit la voie de l’exigence, de l’austérité, refusant toute manipulation sentimentale au profit d’une sobriété retenant l’émotion autant que faire se peut.

Une mémorable controverse a opposé Claude Lanzmann à Steven Spielberg au moment où ce dernier sortait sa Liste de Schindler. Le documentariste français estimant qu’il n’était pas acceptable ni moralement soutenable de consacrer une fiction « reconstituant » les horreurs du génocide des juifs d’Europe par les nazis… Lui-même avait choisi de filmer plutôt des témoignages liés à la Shoah, promenant sa caméra sur les lieux désormais vides de cette « catastrophe » (traduction du mot en hébreu) qu’il a voulu évoquer comme on évoque l’indicible, ce qu’on ne saurait montrer. Lanzmann choisit la voie de l’exigence, de l’austérité, refusant toute manipulation sentimentale au profit d’une sobriété retenant l’émotion autant que faire se peut. Le résultat de son ample et patient travail est un film en tout point admirable, indispensable aussi en ces temps de résurgence antisémite.