Critique

À la télé ce jeudi soir: Black Mirror (saison 2)

Black Mirror: The Waldo Moment © Channel 4
Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

Une série hors norme, placée sous le signe de l’anticipation et de la dénonciation. D’aucuns l’ont même qualifiée de « série théorique ». Ce qui ne lui rend que partiellement justice, puisqu’elle est tout aussi soignée sur le plan esthétique.

Un « Black Mirror » écrit en blanc, sur fond noir. Et une vitre qui se fend. Comme la brisure vers laquelle s’acheminent nos télés, smartphones et autres tablettes à force de se cheviller au voyeurisme ambiant. Le générique de Black Mirror, pour simple et dépouillé qu’il soit, annonce paradoxalement la couleur. Celle d’une série hors norme, placée sous le signe de l’anticipation et de la dénonciation. D’aucuns l’ont même qualifiée de « série théorique ». Ce qui ne lui rend que partiellement justice, puisqu’elle est tout aussi soignée sur le plan esthétique.

Mais revenons aux fondamentaux.

Débarquée en décembre 2011 sur Channel 4, Black Mirror sort de l’imagination débridée de Charlie Brooker, journaliste et animateur satirique qui, avec Dead Set, s’était déjà essayé à la série. Le premier épisode est une bombe scénaristique. Le Premier ministre anglais s’y voit obligé de forniquer avec une truie en échange de la libération d’une princesse royale. Le tout, forcément, devant les yeux de millions d’internautes fascinés, amusés, dégoûtés ou révoltés, mais tous bien présents derrière leur écran. Une saillie grandiloquente contre les dérives du voyeurisme d’autant plus curieusement fomentée par Brooker qu’il est lui-même à la tête de Zeppotron, filiale… d’Endemol, la société à qui l’on doit notamment Big Brother et toutes ses joyeuses déclinaisons! Un paradoxe gommé par la qualité de sa réflexion.

A ce jour, Black Mirror s’est étalée sur deux saisons de trois épisodes chacune. Soit six épisodes uniquement liés par la plume de leur auteur et par la charge au vitriol qu’ils véhiculent: pas d’histoires suivies, comme si ces six moyens métrages autonomes devaient chacun révéler une facette de notre futur proche, celui d’une société manifestement vouée à enfoncer le clou technologique jusqu’aux hélices de nos ADN. Dans l’épisode diffusé ce jeudi soir par France 4, le premier de la saison 2, une jeune femme doit faire face à la disparition tragique de son compagnon, Ash. Conseillé par l’une de ses amies, un nouveau système permet à Martha de « recréer » Ash à partir de toutes les données qu’il a laissées sur les réseaux sociaux. Un épisode qui rappelle la mécanique de Her, le dernier long métrage en date de Spike Jonze, et qui interroge lui aussi les dérives sentimentalo-technologiques vers lesquelles nous nous dirigeons. On vous conseillera particulièrement l’épisode 2 de cette deuxième saison, dans lequel une chasse à l’homme terrifiante est organisée à l’aide de téléphones portables. Glaçant. Mais éclairant.

  • SÉRIE CHANNEL 4 CRÉÉE PAR CHARLIE BROOKER. AVEC HAYLEY ATWELL, DOMHNALL GLEESON, CLAIRE KEELAN.
  • Ce jeudi 22 mai à 22h30 sur France 4.
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