Transgenres: vers plus de diversité dans les séries télé?
Ryan Murphy, le créateur d’American Horror Story et Glee, a engagé cinq acteurs et actrices transgenres pour sa nouvelle série, Pose. Un record qui fait date pour leur représentation sur le petit écran. On fait le point.
Après la série musicale Glee et les anthologies American Horror Story et American Crime Story, Ryan Murphy va secouer à nouveau la télévision avec Pose, qui sera diffusé prochainement sur la chaîne américaine FX. Ce drame se déroulera dans les années 1980 et abordera plusieurs facettes de la société new-yorkaise, de son milieu littéraire et de l’émergence de l’univers luxueux version Trump.
Le pitch reste classique mais là où le showrunner a voulu frapper fort, c’est avec sa distribution, puisque la série parlera notamment de la ball culture, ce mouvement queer né dans les années 1930 à New-York autour de concours de drag queens, de performances artistiques et de défilés. Après six mois de recherche dans toute l’Amérique, lui et sa directrice de casting Alexa Fogel (Atlanta) ont réuni cinq actrices transgenres, non blanches, pour des rôles réguliers. Une première dans l’histoire des séries américaines.
Ainsi, MJ Rodriguez (aperçue dans Luke Cage), les mannequins Indya Moore et Dominique Jackson, Hailie Sahar (vue dans Transparent) et Angelica Ross (Claws) seront de la partie. Les artistes cisgenres (ndlr: par opposition à transgenre qui définit une personne dont le genre ressenti correspond à celui de sa naissance) James Van Der Beek (Dawson), Kate Mara (House of Cards) et Evan Peters (American Horror Story) font également partie du casting.
Ryan Murphy, qui avait déjà fait apparaître un personnage trans dès la saison 3 de Glee, a également déclaré qu’il donnera sa chance à des réalisateurs transgenres pour le tournage de la série, qui débutera le mois prochain aux États-Unis. Quant aux scénarios des épisodes, ils seront élaborés avec des acteurs du monde de la ball culture, pour coller au plus près de la réalité.
Une visibilité en progrès… mais non suffisante
Ce record de diversité sur le petit écran met à jour le manque de représentation de ces communautés. Au cinéma (The Danish Girl, Dallas Buyers Club…), comme dans les séries (Transparent), les acteurs et actrices cisgenres ont majoritairement été privilégiés, même pour des rôles transgenres, parfois par manque de prise de risque. La plupart de ces artistes sont d’ailleurs régulièrement récompensés dans différentes cérémonies culturelles, des Oscars aux Emmys, pour leurs « performances » et leurs « transformations ».
En 2013, le show de Netflix Orange Is the New Black change la donne en donnant l’un des rôles principaux à l’actrice transgenre Laverne Cox. Érigée en icône, elle fait même figure d’exception en posant à la une du magazine Time en 2014.
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L’univers médiatique et l’industrie culturelle se mettent pour de bon à s’intéresser à ces artistes, et les représentent davantage dans la sphère publique. Des pionnières en la matière sont alors mises en avant comme Christine Jorgensen, première trans à l’écran dans les années 50, Alexis Arquette, la soeur de Patricia, apparue dans Friends et Pulp Fiction, Candice Cayne, première actrice à tenir un rôle transgenre dans la série Dirty Sexy Money, ou encore Jessica Cockrett dans Dark Angel.
Depuis quelques années, avec l’explosion du nombre de séries télé (ou peak TV) et leur audace grandissante, les personnages se diversifient peu à peu et sont incarnés par des actrices concernées par le sujet. Netflix est encore de la partie puisque Sense 8, la série des soeurs Wachowski (toutes deux elles-mêmes transgenres, réalisatrices de Matrix), met en scène Jamie Clayton dans le rôle d’une hackeuse trans. On peut également citer Hari Nef et Alexandra Billings dans Transparent ou Ivory Aquino dans When We Rise.
En France, il faut pointer le cas de Stéphanie Michelini, actrice trans récompensée pour le film Wild Side en 2004. L’an dernier, elle expliquait à Télérama avoir auditionné pour la série de TF1 Louis(e), dont le rôle principal est une femme transgenre, et qu’une autre actrice cisgenre, Claire Nebout, a finalement décroché le rôle.
Les hommes transgenres, quant à eux, restent malheureusement toujours aux abonnés absents, malgré la présence du jeune Ian Alexander dans la série The OA, par exemple. Sans parler des « gender fluid » (sans genre défini), eux aussi peu représentés, en dehors de personnages comme celui qu’incarne Ruby Rose dans Orange Is the New Black (toujours pionnière). On est donc encore bien loin d’une égalité ou d’une parfaite visibilité de la communauté trans et de toutes les identités de genre. Le combat continue!
Salammbô Marie
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