The Boys, la série qui remet Amazon Prime sur le devant de la scène

The Boys, délicieuse satire aux "Supers" orgueilleux et corrompus.

Alors que le succès des productions mettant en scène des super-héros commence à plafonner, la série The Boys réussit l’exploit de le raviver en prenant son contrepied. Les méchants, ce sont eux désormais…

Carton inattendu de l’été, The Boys permet à Amazon Prime Video de revenir sur le marché de la vidéo à la demande par abonnement. Le service SVOD a déjà renouvelé pour une saison 2 la série sortie le 26 juillet et qui s’impose comme l’un des plus grands succès de la plateforme en seulement deux semaines. C’est Jennifer Salke, présidente d’Amazon Studios, qui a partagé la nouvelle. « La série a surpassé nos prédictions« , s’est-elle enthousiasmée. Cette comédie noire, qui tranche avec les autres séries de super-héros, est adaptée de la bande dessinée du même nom de Garth Ennis et Darick Robertson par Eric Kripke, le créateur de Supernatural. À la production, on retrouve le duo Seth Rogen-Evan Goldberg déjà à l’origine de la série Preacher -elle aussi adaptée d’un comic de Garth Ennis-, connue pour son ton irrévérencieux. Ce même ton fait de The Boys une délicieuse satire qui égratigne sévèrement les super-héros. Dans cet univers très proche du nôtre, les « Supers » -c’est leur surnom- sont de véritables dieux vivants, adulés du monde entier et au service de la multinationale Vought qui génère des milliards en exploitant leur image. Mais sous le vernis de la gloire et de la vertu, la réalité s’avère beaucoup moins reluisante. Pour la plupart, ces « Supers » sont bouffis d’orgueil et corrompus jusqu’à la moelle. Au coeur de la série, les Sept, la vitrine de Vought et sorte de première ligue équivalente aux Avengers de Marvel. Leur leader, Homelander incarné par Antony Starr, est un croisement entre Superman et Captain America. Derrière ses exploits et son sourire factice se cache une personnalité égomaniaque, instable et dangereuse. Face aux Sept et dans le rôle-titre, se constitue un petit groupe de justiciers sans super-pouvoirs, The Boys, mais bien décidés à neutraliser les super-héros et révéler leurs véritables personnalités. Ils sont menés par le bien-nommé Billy Butcher, parfaitement campé par Karl Urban. Alors que la série suit les deux groupes, on assiste à l’arrivée d’une nouvelle recrue dans chaque équipe: Hughie, un jeune homme qui a vu sa fiancée se faire désintégrer sous ses yeux par A-Train, le speedster des Sept, intègre The Boys; et Annie, jeune super-héroïne idéaliste, réalise son rêve d’enfant en intégrant l’équipe des Sept.

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Brûlot pop politique

Cette série débarque alors que l’on pensait frôler l’overdose. Cette surenchère d’Hollywood a rangé le genre dans la catégorie du blockbuster qui ne tourne qu’autour de la personnalité complexe du personnage principal, tiraillé entre son devoir et ses démons intérieurs. Cela a marché un temps chez Marvel comme chez DC. Mais sur la durée, la recette mêlant le conflit intime aux super-pouvoirs se répète, avec plus ou moins de réussite. Dans d’autres séries, à l’instar de Umbrella Academy sur Netflix, c’est la famille dysfonctionnelle qui sert de dynamique. Mais The Boys est la première du genre à remettre en question le principe même du super-héros, faisant de lui d’emblée l’ennemi. Le paradigme se voit renversé: les personnages dotés de super-pouvoirs et reconnus par le public comme des héros ou des héroïnes ne sont pas automatiquement vertueux. Ici, en dehors d’Annie, alias Starlight, tous ont fait volte-face. Elle va d’ailleurs découvrir à ses dépens la véritable facette de ses idoles.

Dans le but de détruire consciencieusement l’image lisse des super-héros, la série use de répliques cinglantes et de dialogues décalés. Cet humour féroce et anti-politiquement correct, caractéristique de la comédie noire, s’avère jubilatoire là où les autres séries du genre se contentent d’un comique bon enfant. Pour couronner le tout, The Boys ne lésine pas sur l’hémoglobine. Les scènes d’action, particulièrement bien soignées, en mettent plein la vue. Loin d’être suggérée, la violence est ici une composante essentielle et donne à voir, de la manière la plus réaliste possible et donc gore, les dégâts que des super-pouvoirs peuvent occasionner sur le corps humain. Sidérant!

Comme si cela ne suffisait pas, The Boys ne se contente pas de rhabiller les super-héros pour l’hiver: les auteurs dénoncent aussi sans détour la figure messianique du super-héros, Superman étant l’un des exemples les plus édifiants en la matière. Pendant que Vought affirme au monde entier que les « Supers » obtiennent leurs pouvoirs directement de Dieu dès la naissance, la multinationale instrumentalise ses croyants/fidèles/clients à des fins purement marketing. Lors d’une convention religieuse organisée par Vought, le discours ultraconservateur adressé à la jeunesse fait écho à celui tenu par l’actuelle administration américaine et aux mesures faisant régresser les droits des femmes. À ceci s’ajoute une vibrante démonstration de la masculinité toxique, principalement autour de Homelander mais aussi de tous les autres membres masculins des Sept. Tous les marqueurs sont réunis: domination, agressions (verbales, physiques, sexuelles), répression des émotions, promotion de la violence… Ces soi-disant héros cumulent les comportements outranciers et abusent de leur statut. Logique puisque la société dans laquelle ils évoluent les place sur un piédestal. « Je pense que The Boys est une formidable métaphore de la culture moderne des célébrités, confiait Karl Urban début août au site IGN. Il suffit de regarder les nombreux scandales, de Weinstein à Cosby en passant par Spacey et d’innombrables autres individus que la société a idolâtrés et qui, en vérité, étaient à l’opposé de ce qu’ils semblaient être. The Boys est en avance sur son temps en reconnaissant cela et en le mettant en évidence au travers du genre des super-héros. » En d’autres termes, The Boys décrit la société moderne comme une civilisation arrivée à son apogée et proche de sa fin.

The Boys, une série Amazon créée par Eric Kripke. Avec Karl Urban, Jack Quaid, Antony Starr… ****

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