Critique

[la série de la semaine] Sex Education (saison 3): pourvu que ça dure

© Sam Taylor/Netflix
Nicolas Bogaerts Journaliste

Une année et demie après le dernier coitus interruptus, Sex Education revient sans sonner la fin de la récré, mais en faisant un pas vers la maturité.

La découverte des joies, des peurs et des préjugés liés à la sexualité par les élèves du collège de Moordale trouve un nouveau rythme après une fin de saison 2 qui nous avait laissé -avouons-le- un peu sur notre faim. La température baisse d’un cran dans des scènes moins explicites qu’à l’accoutumée, au profit d’une exploration de thèmes tournant autour de l’engagement, de l’identité, de la parentalité, du formatage (relationnel, social, sexuel) et de l’inclusion. Sa créatrice Laurie Nunn semble assumer un semblant de passage à l’âge adulte sans pour autant renier les ingrédients de sexologie débridée qui ont fait son succès.

La saison démarre sur les ruines de la précédente: le rapprochement entre Maeve et Otis a été saboté par Isaac, voisin secrètement amoureux de la jeune femme. Otis s’est consolé tout l’été dans les bras improbables de Ruby, la diva du lycée, laquelle n’entend donner corps social à leur relation qu’à condition d’un relooking extrême auquel se plie le garçon. Le directeur Groff a été évincé au profit d’une ancienne de l’établissement, Hope Haddon (Jemima Kirke), dont l’entrée électrisante cache un programme rigoriste visant à ramener Moordale et ses brebis en rut dans le droit chemin. Adam de retour en classe, Eric espère enfin vivre leur amour au grand jour, mais tous les démons n’ont pas encore déguerpi du placard. La tonalité générale des premiers épisodes ne change pas: des séances d’ébats vitaminées (et filmées avec un sens parfait du rythme et de l’image) ouvrent la porte à des remises en question bienvenues des injonctions diverses sur la sexualité.

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Hors des cases

Un des thèmes centraux de la saison tourne autour du formatage. Face aux tentatives de la nouvelle directrice de faire rentrer ses élèves dans le rang (les graffitis sont repeints, les sanitaires qui abritaient les séances de thérapies d’Otis et Maeve sont détruits, les élèves doivent marcher en file indienne dans les couloirs), une place plus importante est donnée à la remise en question du couple traditionnel, à la transidentité, à la non-binarité, notamment grâce au nouveau personnage de Cal (Dua Saleh). Les intrigues autour de la maternité de Jean (Gillian Anderson), enceinte de son ex Jakob, vont aussi dans ce sens. En toile de fond, malgré la vitalité de sa cinématographie et de son rythme général, la focale de la série semble posée sur une question latente: OK, on a bien baisé, on a éventuellement joui, on a pris soin du désir et des envies de l’un(e) et de l’autre… Et maintenant, on fait quoi? Comment faire en sorte que la vie telle que nous sommes en train de nous choisir s’inscrive et se déploie librement dans la durée? La maturité, en somme.

Sex Education (saison 3)

Une série créée par Laurie Nunn. Avec Asa Butterfield, Gillian Anderson, Ncuti Gatwa. Disponible sur Netflix. ****

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