Critique

Jordan Peele sème sa Zone

© 2019 CBS Interactive
Nicolas Bogaerts Journaliste

The Twilight Zone, série créée par Rod Serling. Développée par Jordan Peele, Simon Kinberg et Marco Ramirez. Avec Adam Scott, Sanaa Lathan.

Samedi 30/11, 20h30, Be Séries.

L’héritage de Rod Serling et de sa Twilight Zone, cinq saisons de 1959 à 1964, traduites sous le titre La Quatrième Dimension, est colossal. En témoigne la petite dizaine de rediffusions rien que sur les chaînes françaises entre 1964 et 2013, ou encore son adaptation au cinéma par Steven Spielberg en 1983, et ses reboots télévisés de 1985 et 2002. La série aura marqué les esprits par son parti pris formel et les thèmes politiques, philosophiques ou moraux abordés sous couvert de science-fiction et de paranormal. Les monologues prononcés en ouverture par Serling lui-même, déambulant face caméra et clope au bec, sont gravés dans une partie de notre mémoire collective. Son maniement du surnaturel a permis à ce vétéran de la Seconde Guerre mondiale d’exorciser les angoisses et les questions qui secouaient encore l’Amérique de la guerre froide. Son influence, enfin, est perceptible à travers des monuments tels que X-Files, Lost ou Black Mirror.

Cette nouvelle adaptation de The Twilight Zone portait en elle le risque de la comparaison, a priori à son désavantage. Pas si évident. Cette nouvelle mouture n’a pas été confiée à un perdreau de l’année: c’est Jordan Peele qui s’y colle, la coqueluche des films d’horreur depuis ses cartons Get Out et Us. Peele, qui apparaît comme jadis Serling en ouverture, applique le canevas de base au monde d’aujourd’hui. Moins politique que son modèle, sa déclinaison aborde des questions plus intemporelles, au travers d’un pacte diabolique signé par un comédien habitué aux bides et décidé de renoncer à tout pour faire rire, d’une crise de panique dans un avion (un lieu commun déjà servi par la série) ou d’un quiproquo jetant une bourgeoise dans le dédale kafkaïen de l’immigration clandestine. Moins technologique que Black Mirror, ce Twilight Zone appuie davantage sur la touche rewind (lecteur MP3, 33 tours, camescope…), jusqu’à emprunter au cinéma des années 50 (Touch of Evil d’Orson Welles) sa cinématographie de composition, son montage éloquent, ses contre-plongées et gros plans sursignifiants. Comme son casting valsant entre noms prestigieux et seconds couteaux, The Twilight Zone alterne le bon et le moins bon, des longueurs et une maîtrise stylistique et narrative certaine. Sans le mordant de l’original, la série demeure néanmoins un confortable véhicule de frissons nocturnes.

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