À la télé cette semaine: Blue Velvet, Journée spécial climat, Les fachos vont-ils (vraiment) conquérir l’Amérique?…

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Notre sélection de films, séries et documentaires pour la semaine du 14 au 20 septembre.

JOURNÉE SPÉCIALE CLIMAT

Samedi 14/9, dès 8h00, Arte.

Entre les mobilisations citoyennes portées par une jeunesse inquiète et une nature qui ne cesse de manifester son mécontentement, la journée pour le climat d’Arte aura un parfum tout particulier cette année. Alors que les activistes écologistes appellent à une grève le 20 septembre, à une manifestation mondiale le 21, avant un sommet des chefs d’état prévu à l’ONU le 23, la chaîne franco-allemande fait ce samedi un tour d’horizon du dérèglement climatique et des solutions qu’on peut lui apporter. Un documentaire qui retrace l’histoire de Greenpeace, d’autres sur la fonte des glaces, les phénomènes climatiques extrêmes et ce qu’entreprend l’Europe pour y faire face… Xenius se demande pourquoi il est si difficile de sauver la planète et se penche sur le cas Greta Thunberg et les jeunes visages de la lutte. Là où, en prime time, dans le sillage de plongeurs en eaux très froides, Arctique: une odyssée sous les glaces (20h50) proposera une vue imprenable sur les splendeurs de la banquise et de sa faune. Indispensable. J.B.

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© DR

THE BAY

Série créée par Daragh Carville et Richard Clark. Avec Morven Christie, Jonas Armstrong, Chanel Cresswell. ***

Lundi 16/9, 21h05, France 2.

La cite balnéaire de Morecambe, dans le nord-ouest de l’Angleterre, est le théâtre de la disparition de deux jumeaux adolescents, Holly et Dylan Meredith. La capitaine de police chargée de l’affaire, Lisa Armstrong, doit prendre les premières dispositions et dépositions auprès des parents, avec son nouveau partenaire/boulet, le détective stagiaire Ahmed ‘Med’ Kharim. Pas de quoi l’aider, en somme, à atténuer la gueule de bois de la veille, d’autant que le père des disparus n’est autre que l’inconnu avec qui elle a mêlé ses fluides la veille. Et ce n’est pas tout. Adulescente acharnée, l’officier Armstrong ne tarde pas à découvrir des liens liant Holly et Dylan à ses propres enfants, avec qui les relations ne sont pas spécialement au beau fixe. Malgré un scénario à la trame aussi épaisse qu’une mousse de Guinness, cette série policière, qui rappelle un peu Broadchurch, séduit par sa réalisation fluide et tonique, ses personnages névrosés dépeints avec acuité, surtout lorsqu’ils se révèlent incapables de respecter les règles qu’ils entendent imposer à leurs ados. N.B.

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© MICHAEL INZILLO

JE N’AIME PLUS LA MER

Documentaire d’Idriss Gabel. ****

Lundi 16/9, 22h05, La Trois.

Ils sont venus en Belgique pour être en sécurité, ont bravé la Méditerranée, les montagnes et les réseaux d’esclavage modernes… Et pourtant. Si pratiquement la moitié des enfants demandeurs d’asile obtiennent le statut de réfugiés, les autres sont renvoyés dans le pays qu’ils avaient fui.

Chaque année, près de 6 000 gosses trouvent refuge en Belgique. Parmi eux, une cinquantaine, accompagnés de leurs parents, sont pris en charge au centre d’accueil de Natoye, entre Namur et Ciney. Tous y attendent une réponse favorable à leur demande d’asile. Pendant des mois. Parfois des années. C’est là qu’Idriss Gabel est parti promener sa caméra. Yalda raconte la violence des talibans. Les signes de détresse avec les téléphones parce que le bateau est troué et se dégonfle. Lisa, elle, explique la disparition de son papa. Et Mohammed, qui menait une vie paisible en Irak, se souvient de la terreur instaurée par Daesh. « J’ai écrasé un squelette pendant le voyage », « Je n’aime plus la mer », écrivent les mioches pour accompagner des dessins qui parfois font froid dans le dos. Ces petits héros, rescapés de l’horreur, Gabel a appris à les connaître avant de commencer à les filmer dans leur quotidien. Visages en gros plan. À hauteur d’enfant… Certains sont un peu plus vieux comme Hassan. Ils viennent d’Afghanistan, d’Érythrée, de Syrie, sont hauts comme trois pommes et ont déjà connu l’horreur. Ils la racontent ici avec un franc-parler désarmant. Un documentaire pudique, juste et bouleversant à montrer à tous ceux qui veulent fermer les frontières. J.B.

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POUR SARAH

Série créée par Michelle Allen. Avec Aure Atika, Eden Ducourant, Clément Rémiens. **

Mardi 17/9, 20h20, La Une.

Après un violent accident de voiture, les jeunes Sarah et Cédric se retrouvent dans le coma. À mesure que l’enquête avance, les circonstances du drame deviennent de plus en plus troubles et semblent impliquer la propre fille de la policière chargée de l’affaire, la capitaine Zerouki (Aure Atika). Cette adaptation de la série québécoise du même nom, signée de la même main (Michelle Allen), questionne à plusieurs égards. Pourquoi adapter en moins bien une série dont le thème ultra-revisité n’aurait pas démérité dans la langue de la Belle Province? Pourquoi s’entêter dans des fictions TV qui s’accrochent aux codes et aux genres ronronnant des années 1990-2000? Pourquoi la RTBF s’arrime-t-elle à ces modèles de coproduction ou d’achat qui portent l’ADN de TF1? La même question se pose pour L’Accident (22h25, avec Bruno Solo), fiction sans intérêt aucun, pataude et d’une maladresse gênante, tournée en 2016 mais restée dans les cartons. Ou quand la télé ressemble à un bac à soldes, rempli de produits couplés obsolètes vendus sous blister. N.B.

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LES FACHOS VONT-ILS (VRAIMENT) CONQUÉRIR L’AMÉRIQUE?

Documentaire de Sabrina Van Tassel. ***

Mardi 17/9, 20h30, La Deux.

Elle semble être une menace jusqu’en Europe, où le dangereux Steve Bannon qui a activement participé à la victoire de Donald Trump aux présidentielles est de tous les mauvais coups et de tous les combats pestilentiels. L’extrême droite américaine se porte bien. On ne peut mieux même. Croix gammées, drapeaux confédérés, casques de soldats du Troisième Reich… Le 12 août 2017, pour la première fois depuis la fin des années 50 aux États-Unis, des milliers de manifestants issus de différents groupes identitaires radicaux se réunissent à Charlottesville. C’est le plus grand mouvement de haine organisé dans le pays depuis la fin de la ségrégation. Comme son titre, le documentaire de Sabrina Van Tassel ne fait pas dans la finesse, mais il a longuement suivi plusieurs groupuscules racistes galvanisés par l’élection de Trump. Qui sont-ils? Quelle est leur stratégie? Comment comptent-ils accéder au pouvoir? Zoom sur des mecs qui croient que les Blancs sont une espèce en voie de disparition et qui ont troqué les masques contre des visages découverts et des costards cravates. Désespérant et terrifiant. J.B.

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BLACKROCK, CES FINANCIERS QUI DOMINENT LE MONDE

Documentaire de Tom Ockers. ***(*)

Mardi 17/9, 20h50, Arte.

Actionnaire de milliers d’entreprises (Apple, Facebook, Shell, Microsoft, Airbus, Renault, L’Oréal…), BlackRock est la cheville ouvrière des marchés financiers et le gestionnaire d’actifs avec le plus gros portefeuille dans le monde. Six mille milliards de dollars venus des plus gigantesques investisseurs mais aussi de petits épargnants. Le documentaire de Tom Ockers dévoile l’histoire, le fonctionnement et les secrets d’un géant dont on sait finalement peu de choses. Une société qui infiltre et influence les gouvernements (elle a même ses entrées à la BCE) et n’hésite pas à faire passer l’éthique après les perspectives de profit. Derrière l’image verte qu’il essaie de se donner, BlackRock soutient le plus gros fabricant d’armes d’Europe, possède parfois des actions chez des concurrents (comme Adidas et Puma). Il détient aussi, de par son positionnement et ses ramifications, une vue unique (et dangereuse) sur le monde de la finance… De San Francisco à Montréal, en passant par Davos ou la petite ville de Wenatchee (où il s’est installé pour son énergie à bas prix), ça parle stabilité des marchés, questionne le caractère systémique de la société et les décisions prises par l’intelligence artificielle (Aladdin effectue 200 millions de calculs par semaine afin de recommander ou pas certains placements). La preuve, même s’il faut parfois un peu s’accrocher, que tout est dans tout. Et moins pour le meilleur que pour le pire… J.B.

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LA GUERRE DU FEU

Film d’aventures de Jean-Jacques Annaud. Avec Everett McGill, Ron Perlman, Nicholas Kadi. 1981. ****

Mardi 17/9, 21h10, La Trois.

À l’époque du paléolithique, des premiers humains organisés en tribus nomades, un conflit oppose un groupe connaissant l’usage du feu à un autre, moins évolué mais qui prend le dessus. Quand les survivants de la première tribu se retrouvent privés de feu (ils savent le conserver, mais pas le produire) et se voient menacés de mourir de froid, ils envoient quelques-uns d’entre eux à la recherche de l’élément salvateur… Adapté par Gérard Brach (scénariste de plusieurs films de Polanski) du roman de J.H. Rosny aîné, La Guerre du feu est un tour de force cinématographique remarquablement réussi par Jean-Jacques Annaud. Même s’il s’agit d’un film de fiction, pas d’un tableau scientifique, il offre un regard fascinant sur la préhistoire, tout en proposant un spectacle d’aventures en tout point captivant. Dans un des rôles principaux, Ron Perlman se révèle. Il deviendra 23 ans plus tard le Hellboy de Guillermo del Toro. L.D.

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HIERRO

Série créée par Pepe Coira. Avec Candela Peña, Darío Grandinetti, Kimberley Tell. ***

Jeudi 19/9, 20h55, Arte.

Une petite île reculée des Canaries, El Hierro, étouffe sous le soleil et une mentalité insulaire qui ferait passer un panier de crabes pour une retraite zen. Le jeune Fran ne se rendra pas à la cérémonie de mariage avec la belle Pilar. Pas qu’il ait les pieds froids, non. Il est retrouvé mort. Lorsque la juge Candela Montes, tout juste mutée sur l’île, entame l’enquête, tous les regards se portent vers le beau-père, l’ancien voyou repenti mais toujours violent Alfonso, qui ne portait pas le pauvre Fran dans son coeur. Même si le dispositif fatigue un peu, il met en évidence l’actrice Candela Peña, dans un rôle de magistrate aux prises avec une communauté recluse et autarcique, érigeant le machisme en valeur universelle. Le duo entre chien et chat qu’elle forme avec le principal suspect évolue alors que ce dernier se révèle un surprenant auxiliaire dans l’enquête révélant, comme on peut s’y attendre, des secrets aussi bien cachés que peu recommandables. Drôle et touchante par moments, cette série, à défaut d’être originale, met en valeur ses décors, aussi arides et contrastés que l’âme de ses protagonistes. N.B.

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BLUE VELVET

Thriller de David Lynch. Avec Isabella Rossellini, Kyle MacLachlan, Dennis Hopper. 1986. *****

Jeudi 19/9, 23h30, La Trois.

Chef-d’oeuvre de mystère profondément inquiétant, ce sommet de la carrière de David Lynch n’a rien perdu de son pouvoir de vénéneuse fascination. Tout commence sur une pelouse d’un jardin en Caroline du Nord. C’est là qu’un homme s’effondre soudainement, victime d’une crise cardiaque. Le fils de cet homme, venu lui rendre visite, trouve ensuite sur le sol une… oreille humaine. Le jeune homme (joué par Kyle MacLachlan, l’acteur fétiche de Lynch) est de nature curieuse. Il va mener son enquête personnelle, parallèlement à celle de la police. Ce qu’il découvrira dépassera l’entendement… On n’en dira pas plus, pour ne rien dévoiler de ce qui fait le coeur du film le plus personnel du cinéaste, tant il fut inspiré par ses souvenirs d’enfance dans une Amérique des années 50 à l’imagerie rassurante… mais dont Lynch, même très jeune, sut percevoir le trouble bien présent sous la surface. L.D.

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DIVORCE (SAISON 3)

Série créée par Sharon Horgan. Avec Sarah Jessica Parker, Thomas Haden Church, Molly Shannon. **(*)

Jeudi 19/9, 21h00, Be 1.

Le mariage, d’accord, mais pourquoi faire? Après leur divorce douloureux survenu en première saison, Frances (Sarah Jessica Parker) et Robert Dufresne (Thomas Haden Church) ont passé la seconde à tenter d’oublier leurs plaies. Surtout Frances, dans un monde où on continue à considérer les femmes comme des (futures ou ex) épouses et des mères. Cette nouvelle saison explore le besoin -urgent ou maladif- de se recaser, de reconstruire une vie à deux. La difficulté à accepter de vivre dans le célibat, sans passer par la case mariage, répond ici à plusieurs injonctions (sociales, économiques…) mais aussi à des enjeux d’images et de reconnaissance. Il y a là matière à une belle fiction iconoclaste. Las, depuis la première saison, Divorce (qui a changé deux fois de showrunner) n’arrive pas à sortir du prisme de la bonne bourgeoisie urbaine, hésite entre légèreté et cynisme fatigué. Et surtout, capitalise un peu trop sur l’image de son actrice principale, reléguant au second plan toute possibilité d’existence et d’évolution pour son personnage. N.B.

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L’AGENT IMMOBILIER

Minisérie créée par Shira Geffen et Etgar Keret. Avec Matthieu Amalric, Eddy Mitchell, Sarah Adler. **(*)

Vendredi 20/9, 20h30, Be Séries.

Mathieu Amalric incarne à merveille le personnage lunaire de cet agent immobilier divorcé, paumé, à l’âme aussi chiffonnée que ses chemises, qui squatte les appartements atypiques qu’il fait visiter de jour et court de catastrophe en situations dramatiques, aussi aisément qu’un François Pignon sous Valium. Son imbuvable père, éternel playboy ravagé par les excès (Eddy Mitchell, un peu fatigué), traîne constamment dans ses pattes, alors même qu’il doit hériter d’un immeuble délabré légué par sa mère. Les habitants de cette bâtisse lugubre, parmi lesquels un locataire récalcitrant, offrent une galerie de personnages loufoques propres à accélérer le maelstrom surréaliste dans lequel s’enfonce le protagoniste. Filmé en partie à Bruxelles, avec moult acteurs du cru (dont un Philippe Jeusette affûté mais disparu trop tôt dans le récit), cette minisérie pêche par des scènes trop longues, un fil narratif obscur et une réalisation trop occupée à maquiller notre capitale en ville de province française. N.B.

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