Critique

[À la télé ce soir] Vous n’aurez pas ma haine

Antoine Leiris © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Antoine Leiris, jeune père de famille, a perdu sa femme le 13 novembre au Bataclan. Après un bouquin, témoignage sur son quotidien et sur la nécessité de continuer à vivre, c’est un documentaire que le journaliste présente aujourd’hui sur France 5.

« Vendredi soir, vous avez volé la vie d’un être d’exception, l’amour de ma vie, la mère de mon fils, mais vous n’aurez pas ma haine. Je ne sais pas qui vous êtes et je ne veux pas le savoir, vous êtes des âmes mortes. Si ce dieu pour lequel vous tuez aveuglément nous a faits à son image, chaque balle dans le corps de ma femme aura été une blessure dans son coeur. Alors non, je ne vous ferai pas ce cadeau de vous haïr. Vous l’avez bien cherché pourtant, mais, répondre à la haine par la colère, ce serait céder à la même ignorance qui a fait de vous ce que vous êtes. » Ces mots à la fois déchirants et empreints d’humanité, vous les aviez probablement déjà lus ou entendus. Ils ont fait le tour des réseaux sociaux. Sortent de la plume et du chagrin d’Antoine Leiris, jeune père de famille qui a perdu sa femme, la mère de son gamin, le 13 novembre au Bataclan. Après un bouquin sorti fin mars chez Fayard, un témoignage sur son quotidien et sur la nécessité de continuer à vivre, c’est un documentaire du même nom, Vous n’aurez pas ma haine, que le journaliste, ancien chroniqueur culturel sur France Info et France Bleu, présente aujourd’hui sur France 5. Leiris a rencontré des hommes et des femmes qui tentent de se reconstruire après l’horreur. De reprendre goût à l’existence sans un être cher ou avec un membre en moins. De se battre pacifiquement, avec eux-mêmes déjà, pour ne pas donner raison à ces terroristes qui ont emporté aveuglément un bout de leur vie. Sur papier, le concept faisait sacrément peur. Bas les masques… On sentait venir de loin le vilain Mireille Dumas racoleur. Que nenni. Avec pas mal d’intelligence et de tact, d’empathie et de pudeur, puis aussi des interlocuteurs toujours justes, tout en dignité et en courage même dans le doute et l’incompréhension, Leiris, qui s’y met en scène sans que ce soit gênant, a trouvé la bonne distance pour aborder le sujet, faire partager le long chemin qu’est ce deuil si particulier. Touchant.

Documentaire d’Antoine Leiris. ***(*)

Ce dimanche 13 novembre à 20h50 sur France 5.

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