Critique

[à la télé ce soir] Trintignant par Trintignant

© MORGANE PRODUCTIONS
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

À travers des extraits de films et des interviews du principal intéressé, le documentaire de Lucie Cariès et Yves Jeuland raconte celui qui, avec Delon et Belmondo, fit partie du trio d’acteurs le plus demandé de France et d’Italie.

« Un comédien, c’est quelqu’un qui se fait mal. On ne peut pas impunément jouer avec sa sensibilité sans se faire mal. C’est un peu comme un type qui aurait une croûte, qui serait tout le temps à se la gratter et qui se ferait saigner. C’est ça le comédien. On n’arrête pas de gratter nos croûtes et de se faire saigner. Nos croûtes, ce sont nos problèmes, nos complexes. Ce qu’on a finalement de nos inhibitions, de plus caché, de plus honteux même en nous. » Ainsi Jean-Louis Trintignant décrit-il sa profession. Lui qui a beaucoup douté de ses talents, même si avec Delon et Belmondo il fit partie du trio d’acteurs le plus demandé de France et d’Italie. À travers des extraits de films et des interviews du principal intéressé, le documentaire de Lucie Cariès et Yves Jeuland raconte le fils d’un industriel provençal et d’une mère au foyer qui se rêvait comédienne et l’habillait en fille. L’homme anéanti par son service militaire, le fan de course automobile qui apprécie le courage physique, et l’acteur à l’étrange sourire propulsé vers la célébrité par Et Dieu… créa la femme. Trintignant par Trintignant revient aussi sur les nombreux films politiques dans lesquels il s’est engagé (« quand on a une fois dans sa vie ouvert les yeux, on ne peut plus dormir tranquille« ), les personnages antipathiques qu’il a pris goût à incarner et les drames de sa vie. Sa mère tondue à la Libération et la mort de ses deux filles. Une sacrée vie qui à 90 ans n’est pas encore finie.

Documentaire de Lucie Cariès et Yves Jeuland. ***(*)

Dimanche 31/10, 22h35, Arte.

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