Critique

[À la télé ce soir] Spit’n’Split (The Experimental Tropic Blues Band)

Spit'n'Split © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Un vrai faux documentaire immersif réalisé par Jérôme Vandewattyne, qui avait déjà bossé sur The Belgians.

« La journée typique, c’est se lever tôt après avoir pas assez dormi. Les gens qui se lavent pas, comme des fois Jérémy, ça me dégoûte. On démarre. On fait pas mal de route. On s’occupe comme on peut. Ensuite, vient le fameux moment du midi où tu dois te trouver à manger. Bouffer de la merde. (…) Je sais pas pourquoi, il y a aussi cette croyance des gens que tout le monde aime la bière. Comme si je te disais: tiens, bouffe des choux de Bruxelles. Tout le monde aime bien les choux de Bruxelles. On me regarde toujours de travers. Quoi? T’es belge et t’aimes pas la bière? »

Ça commence comme un carnet de route. Genre film de tournée des Black Lips. Entre philo de comptoir et débauche quotidienne dans des salles crapuleuses. Un docu rock’n’roll à la Dig! avec un seul groupe, l’Experimental Tropic Blues Band, assez schizophrène pour incarner à la fois les Dandy Warhols et le Brian Jonestown Massacre. Il y a aussi une petite pointe de Metallica en mode thérapie de groupe (Some Kind of Monster) avec l’objectif de la caméra qui remplace les séances chez le psy. Trio rock’n’roll au bord de la crise de nerfs… « Ce qui nous permettait de mettre le nez ailleurs. C’était ça. C’était Tropic. Comme des vieux potes font un resto. Mais je ne sais même pas si on était potes. »

Tout ça aurait été un peu trop normal pour les plus jetés des rockeurs liégeois. Réalisé par Jérôme Vandewattyne, qui avait déjà bossé sur The Belgians, ode trash et électrique, visuel et musical, des Tropics à notre plat pays, Spit’n’Split est un vrai faux documentaire immersif. Un C’est Arrivé près de chez vous qui basculerait tout à coup façon Une Nuit en enfer mais sans les zombies… Tout ça en jouant habilement entre la réalité et la fiction. Secoué, trépidant et épileptique, drôle, décadent et complètement barré, Spit’n’Split, ce grand mash up, a les défauts de ses qualités. Mais aussi tout ce qu’il faut pour devenir un film culte. Et ce film reflète mine de rien plutôt bien son temps. Avec ses répliques qui tuent (génération Facebook/Twitter bouffeuse de punchlines), son sens de la désinformation (mode Gorafi, Nordpresse) et son absence totale de limites. « Tout le réel pour moi n’est qu’une fiction », disait Alfred de Musset (cité en préambule du film). Avec les Tropics, l’enfer ce n’est pas nécessairement les autres…

DOCUMENTAIRE DE JÉRÔME VANDEWATTYNE. AVEC JEAN-JACQUES THOMSIN, JÉRÉMY ALONZI, DAVID D’INVERNO ET ALLAN SNON STEFFLER. ***(*)

Ce mardi 18 avril à 21h00 sur Be 1.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content