Critique

[à la télé ce soir] Salvator Mundi, la stupéfiante affaire du dernier Vinci

© Zadig Productions
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Un documentaire passionnant de bout en bout avec ses allures d’enquête policière.

Alors que quelques années plus tôt il ne valait qu’un millier de dollars, c’est devenu le tableau le plus cher au monde. Mieux: jamais dans l’Histoire un bien marchand n’a pris autant de valeur en si peu de temps. En 2017, le Salvator Mundi (Le Sauveur du monde) de Léonard de Vinci passe sous les marteaux des commissaires-priseurs chez Christie’s à New York et trouve un acquéreur pour 450 millions de dollars. Derrière cette peinture à l’huile sur bois de noyer, une représentation du Christ et plus généralement du divin, se cache une histoire assez rocambolesque. En avril 2005, un galeriste new-yorkais, docteur en Histoire de l’art et spécialiste de la Renaissance italienne, remarque une oeuvre dans le catalogue d’une modeste maison de vente de La Nouvelle-Orléans. C’est une déclinaison du Christ en sauveur du monde. Un classique de la peinture religieuse du XVIe siècle.

Autant que l’histoire complètement dingue d’un tableau, ce docu raconte la folie de notre époque. Un marché de l’art devenu la cour de récréation des magnats du luxe, princes du Golfe et oligarques russes… Dans La stupéfiante affaire du dernier Vinci, vous croiserez le sulfureux Dmitri Rybolovlev, propriétaire de l’AS Monaco qui s’est installé sur le Rocher avec 8 milliards de dollars, et le prince Badr, ministre de la Culture d’Arabie Saoudite et ami du prince héritier Mohamed ben Salmane. Vous découvrirez aussi, les yeux éberlués, comment une oeuvre pas clairement identifiée s’est retrouvée à la National Gallery (normalement, les musées ne peuvent pas exposer une peinture à vendre pour ne pas faire grimper sa valeur et éviter les conflits d’intérêt) et comment un intermédiaire suisse opportuniste s’est engraissé sur son dos. Puis quand, comment et pourquoi le tableau a vu son prix grimper en flèche…. Journaliste, écrivain et réalisateur, Antoine Vitkine a mis la main sur quasiment tous les protagonistes de cette aventure. Jusqu’au marchand qui a trouvé le trésor et au particulier qui le lui a vendu. À travers le Salvator Mundi il questionne notre rapport à la vérité, à l’image, à l’argent et au pouvoir, observe les spéculateurs et les arnaqueurs et épingle l’importance du marketing dans l’art et la fascination qu’exerce le religieux. La diffusion de ce documentaire passionnant de bout en bout avec ses allures d’enquête policière sera suivie d’un débat animé par Marina Carrère d’Encausse.

Documentaire d’Antoine Vitkine. ****

Mardi 13/04, 20h50, France 5.

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