Critique

[À la télé ce soir] No Man’s Land

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Nicolas Bogaerts Journaliste

La diffusion de No Man’s Land, coproduction franco-israélo-belge, s’est déclinée en plusieurs étapes. Sur la plateforme Arte.tv et le compte YouTube de la chaîne franco-allemande d’abord et, cette semaine, en télévision, où démarre le premier épisode de ce drame géopolitico-familial sous haute tension.

À celles et ceux qui n’auraient pas encore profité de cette nouvelle chronologie des médias, c’est le moment car la série mérite toute notre attention. Si, de Homeland au Bureau des Légendes, la télévision raffole de la reconstitution des conflits opposant plusieurs forces, des coulisses au front, de leur complexité et de leurs zones d’ombre ou de leur manichéisme, No Man’s Land opère lui sur un mode intimiste, humaniste et examine les porosités toujours à l’oeuvre sur les théâtres belliqueux.

La série scrute la zone de guerre aux confins de la Turquie et de la Syrie où, en 2014, les milices féminines kurdes réunies sous le nom d’Unités de protection de la femme (YPJ), tenaient tête à Daesh. C’est là qu’apparaît Antoine (Félix Moati), ficelé à moitié nu à l’arrière du pick-up d’une de ces unités de femmes. Prisonnier suite à une attaque éclair qui a laissé son guide et une unité de Daesh dans une mare de sang, que venait bien faire ce Parisien de la bourgeoisie sur cette terre âprement disputée? Il cherchait sa soeur, Anne (Mélanie Thierry), jeune archéologue, « morte » dans un attentat en Égypte deux ans plus tôt mais aperçue furtivement par son frère dans un documentaire sur les forces kurdes. Le récit fait ainsi des allers-retours, à coups de flash-back et d’ellipses, entre le présent et ces moments qui ont convaincu Antoine de partir dans une des zones les plus dangereuses du globe pour retrouver sa soeur. Là, il va faire la connaissance d’une mosaïque de personnalités aux motivations toutes différentes dans leur identification à la lutte contre ou pour Daesh.

Maria Feldman et Amit Cohen ( False Flag) font partie du quatuor de showrunners israéliens aux manettes de ces huit épisodes qui n’épargnent aucun versant du merdier, tant du côté kurde que de l’État Islamique. Chaque camp a ses recrues des quatre coins du monde, dont les motivations sont examinées et expliquées avec précision. Du côté de l’EI, ce sont trois Anglais réunis par la violence dont ils ont été victimes plus jeunes. Parmi eux, un agent double du MI6, informateur d’un espion sans scrupule (James Purefoy). Rien n’est simple et tout se complique dans cette fiction haletante, subtile, qui allie le rocambolesque et l’héroïsme au tristement banal.

Série créée par Amit Cohen, Maria Feldman, Eitan Mansuri et Ron Leshem. Avec Mélanie Thierry, Félix Moati, Souheila Yacoub. ****

Jeudi 26/11, 20h55, Arte.

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