Critique

[À la télé ce soir] No Direction Home – Bob Dylan

No Direction Home - Bob Dylan © BR/WDR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

No Direction Home est la pierre amenée par monsieur Martin Scorsese à l’édifice Bob Dylan.

Il se fait rare, très rare même, depuis des années en interview. On semble pourtant avoir tout dit, écrit, raconté, fantasmé sur cette vieille légende pas très commode de Bob Dylan. Todd Haynes a été jusqu’à réquisitionner cinq acteurs et une actrice (Cate Blanchett) pour l’incarner dans son I’m Not There. No Direction Home est la pierre amenée par monsieur Martin Scorsese à ce dylanesque édifice.

S’il a des allures de biographie ultime avec sa foultitude d’intervenants, des interviews de Robert Zimmerman himself et ses trois heures et demie au chrono, ce documentaire ne l’est pas vraiment. No Direction Home ne raconte pas l’ensemble d’une carrière d’ailleurs inachevée. Il ne se focalise que sur le début d’un parcours. La période comprise entre son arrivée à New York en janvier 1961 et son accident de moto de 1966 après lequel il arrêtera les tournées pendant huit ans. Arrivée dans le Greenwich Village, accession rapide au panthéon du folk, passage au rock et à son électricité en dépit de l’adversité… Ainsi pourrait-on sommairement résumer ce « Dylan selon Scorsese ».

Bob selon Marty. L’appellation est déjà un peu tronquée. Film de commande, No Direction Home naît en 1995. Jeff Rosen, le manager de Dylan, commence alors à organiser des interviews avec des amis du Zim comme le poète beat Allen Ginsberg et le musicien Dave Van Ronk (tous deux décédés avant la sortie du docu). Il réalise ensuite, en 2000, dix heures d’interview avec Robert. Il faut attendre 2001 pour que Scorsese soit associé au projet et accepte de réaliser le film à partir du matériel récolté.

Guère très intime, plutôt prude, No Direction Home ne parle pas de sa famille, élude toute question de drogue, de sexe, de religion… Il évoque par contre longuement ses influences majeures (Odetta, Woody Guthrie, Pete Seeger) ou encore sa relation avec Joan Baez qui a transformé sa vision du monde en même temps qu’il décrit les grands bouleversements d’une époque. Mouvement des droits civiques et lutte contre le conflit armé au Vietnam en tête. S’intéresser au rapport qu’entretient Dylan avec ces combats, au Bob de Highway 61 Revisited, à ces concerts où il se fait siffler et même vertement insulter, c’est raconter le déchaînement d’un public sur un artiste qui ne propose plus ce qu’il attend de lui et ce pour quoi il l’a aimé. Sans doute l’une des réflexions les plus pertinentes suscitées par cet imposant portrait.

DOCUMENTAIRE DE MARTIN SCORSESE.

Ce samedi 28 mai à 22h20 sur Arte.

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