Critique

[à la télé ce soir] Mirano, l’espace d’un rêve

© Image Création
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Le 25 mars 1981, une boîte de nuit avant-gardiste ouvre ses portes à Saint-Josse-ten-Noode dans un vieux cinéma jadis ouvert par un boucher de la commune, Georges Van Vlasselaer, reconverti dans le monde du 7e art (il aura jusqu’à cinq établissements chaussée de Louvain). Le Mirano Continental a de l’expérience et de l’ambition.

Fascinée par les États-Unis et plus particulièrement par New York et son mythique Studio 54 où certains de ses membres sont d’ailleurs partis en repérage, l’équipe a déjà fait ses preuves au Canotier, l’ex-Gémeaux. Un petit club de Bruxelles où, à la fin des années 70, défilent Jonathan Richman, les Flamin’ Groovies et Wayne County, les Stinky Toys d’Elli Medeiros et Jacno, les B-52’s ou encore Simple Minds. La bande de potes cherche à se démarquer, à apporter une vision singulière et audacieuse du monde de la nuit. Outre la musique, folle, éclectique, il y a la scénographie, les spectacles, les soirées à thème. Cette idée de tout brasser. La danse, la mode, le design, le théâtre, les gens…

Construit avec les archives du Mirano, des vidéos, des photos, des extraits de programmes ertébéens (Génération 80, le journal télévisé…) et les interviews de ses principaux agitateurs, le documentaire de Thomas Purcaro Decaro et Luc Jabon raconte un haut lieu de la vie nocturne et artistique bruxelloise. Des murs par lesquels sont passés parmi tant d’autres Madonna, Prince et Grace Jones… « On n’était pas du tout à l’image des gens qu’on voulait inviter à notre soirée d’ouverture et qui allaient effectivement donner l’aura à notre lieu« , se souvient Marco Rolland, qui a dû s’acheter un smoking chez un fripier pour l’occasion et cachait sa voiture pourrie pour qu’on ne le voit pas monter dedans. Qu’avait le Mirano de si particulier? Comment a-t-il perduré et évolué? Paul Sterck, Olivier Goossens Bara, Aldo Gigli, Yota P. Angelaki et compagnie plongent dans leurs souvenirs et racontent un lieu de liberté et de diversité, de plaisir et d’abandon. Ils évoquent les chantiers déco, le rythme effréné et l’ambiance carnavalesque. Puis aussi le marketing dans ces années 80, âge d’or de la publicité qui a des idées et envahit l’espace public. Et forcément le sida, que le Mirano se prend en pleine tronche et qui rend la fête morbide. L’Espace d’un rêve ne manque pas d’interlocuteurs, donnera peut-être des idées à certains et rappellera à d’autres le bon vieux temps.

Documentaire de Thomas Purcaro Decaro et Luc Jabon. ****

Lundi 27/12, 22h20, La Trois.

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